Moins de 1000 emplois se sont ajoutés dans l'île de Montréal de 2006 à 2011, contre plus de 55 000 dans les couronnes nord et sud, révèle une analyse de la Ville de Montréal. Disant vouloir relancer la métropole, l'administration Coderre annoncera ce matin une réforme du développement économique.

Montréal en statistiques, qui compile des données sur l'état de la Ville, constate dans une récente analyse qu'un «glissement de l'emploi vers la banlieue» continue de toucher la métropole. Alors que, en 1971, plus de 85% des emplois de la région se trouvaient dans l'île, cette proportion a graduellement diminué pour tomber sous la barre des deux tiers (63,7%).

L'administration Coderre dresse d'ailleurs un sombre portrait de la situation de Montréal et chargera un groupe de fonctionnaires de revoir de fond en comble le développement économique de la métropole. «La Ville de Montréal fait face à des problèmes économiques structurels. Le nombre d'établissements d'entreprise est en décroissance constante, la richesse foncière du secteur non résidentiel connaît une croissance marginale, la croissance de l'emploi est également très faible», précise le document que les élus doivent adopter aujourd'hui.

Taux de chômage inquiétant

Le taux de chômage élevé semble une grande source de préoccupation. En décembre dernier, 8% de la population montréalaise était sans emploi, alors que cette proportion était de 6,4% dans le reste du Québec. Cette situation représente «une anomalie pour une métropole comme Montréal», estime la Ville. D'autant que le chômage est systématiquement plus élevé dans l'île qu'en banlieue. On souligne également que le taux de chômage de Montréal est supérieur de 1,3 point de pourcentage à celui de Toronto.

Le nouveau service de développement économique devra trouver des moyens de dynamiser l'économie montréalaise. On souhaite notamment simplifier les structures actuelles du développement économique.

Dans son document de présentation, la Ville de Montréal s'engage à «fournir un service «5 étoiles» d'une rapidité inégalée» à ceux qui arriveront avec des projets d'affaires dans la métropole.

Tendance difficile à inverser

Montréal a beau multiplier les efforts, «c'est difficile de voir comment ça peut se contrer», dit André Lemelin, du Centre Urbanisation Culture Société de l'INRS. Celui-ci étudie depuis plusieurs années le déplacement des emplois de Montréal vers sa banlieue. Il y voit une conséquence des difficultés de l'industrie manufacturière à Montréal. Montréal doit affronter la concurrence de pays comme la Chine, mais aussi de la banlieue, qui offre des espaces beaucoup plus abordables et des facilités de transport.

L'attrait de la Rive-Sud pour les entreprises pourrait d'ailleurs s'accentuer encore avec l'achèvement de l'autoroute 30, estime Hélène Bergeron, directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud.

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INQUIÉTUDES ET SATISFACTION

« C'est dramatique pour Montréal »

« Si on demeure indifférent, graduellement, les banlieues vont s'autonomiser. Et la journée où elles n'auront plus besoin de Montréal, ce ne sera jamais comme Detroit, mais on peut imaginer devenir une Milwaukee, une ville un peu banale. » - Richard Bergeron, chef de l'opposition à Montréal

De villes-dortoirs à pôles d'emploi

« Avant, on était presque des villes-dortoirs : on travaillait à Montréal, on allait prendre tous nos services à l'extérieur, mais Longueuil, Boucherville, Brossard sont devenus des villes où on peut vivre complètement. » - Hélène Bergeron, directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud