Maintenant que Theratechnologies (t.th) a mis un terme à son décevant partenariat avec Serono, l'attention se porte sur l'exécution de la nouvelle stratégie de commercialisation du produit phare de la biotech montréalaise aux États-Unis.

Les marchés ont applaudi à la dissolution de l'entente avec Serono, comme en témoigne le bond de 66% qu'a fait vendredi l'action de Theratech dans un volume de transactions exceptionnellement élevé comparativement à sa moyenne quotidienne habituelle.

L'enthousiasme était encore palpable hier alors que le titre a rapidement gagné 17% à l'ouverture des marchés. L'euphorie s'est cependant estompée et l'action a terminé la séance d'hier en hausse de 3%, à 49 cents.

Le succès futur du médicament Egrifta, qui s'attaque à la répartition anormale des graisses chez les patients atteints du VIH, dépendra beaucoup de Lyne Fortin, dont l'embauche à titre de chef de l'exploitation commerciale vient d'être annoncée.

Lyne Fortin a acquis son expertise en occupant plusieurs postes chez Merck au cours des 30 dernières années au Canada et aux États-Unis.

Elle a déjà joué, nous dit-on, un rôle important dans l'élaboration de stratégies, notamment pour des traitements prescrits aux personnes infectées par le VIH.

Le travail qu'elle accomplira sera scruté de près au cours des prochains mois et pourrait jouer un rôle déterminant.

Theratechnologies a aussi retenu les services d'InVentiv Health pour l'aider à gérer ses activités américaines. Les décisions relatives à la commercialisation seront toutefois prises à Montréal.

Si Theratechnologies affirme que la décision lui donne la plateforme nécessaire pour accélérer sa croissance et alimenter sa rentabilité, les analystes demeurent prudents.

«La rupture d'une alliance crée toujours des occasions favorables, mais ça apporte aussi des risques», commente Doug Loe, d'Euro Pacific.

«Le profil de Thera-technologies justifie la prudence pour l'instant. Et particulièrement avec une révision de la stratégie américaine», dit-il en admettant que le recentrage des efforts de marketing pourra effectivement faire augmenter les revenus.

«J'estime qu'il sera très difficile pour l'entreprise d'augmenter ses ventes aux États-Unis», souligne pour sa part Philippa Flint, de Bloom Burton.

Cette dernière estime que Theratech paie un prix élevé en versant des frais de résiliation de 20 millions de dollars à Serono pour récupérer les droits sur Egrifta.

«C'est l'équivalent d'un remboursement des deux tiers du montant décaissé en 2008 par Serono, en plus de devoir verser une redevance pendant jusqu'à 10 ans.»

Philippa Flint laisse néanmoins tomber sa recommandation de vente et suggère maintenant de «conserver» le titre.

Le plus optimiste reste Neil Maruoka, de Canaccord/Genuity. «Les détails entourant la nouvelle stratégie sont minces, mais Thera retrouve un peu de son mojo. Je m'attends à ce que l'entreprise développe une stratégie qui fera croître les ventes au-delà du niveau actuel», dit-il.

«Serono a fait un mauvais travail et c'est notamment ce qui me porte à croire que Theratechnologies pourra augmenter progressivement son chiffre d'affaires.»

Il projette que les ventes pourraient atteindre un sommet de 45,1 millions dans quatre ans, ce qui représente une hausse de 30% par rapport à son évaluation précédente, qui s'élevait à 35,1 millions.

Doug Loe mentionne par ailleurs qu'Egrifta pourrait très bientôt franchir des étapes réglementaires dans certains autres pays du monde.

La firme d'investissement new-yorkaise Ingalls&Snyder, plus important actionnaire de Theratechnologies, a vendu plus de 600 000 actions de Thera la semaine dernière, juste avant que le titre bondisse de 66%, vendredi.