Le lancement du nouveau kiosque numérique de Google, qui centralisera la presse du monde entier, pourrait doper les versions numériques des quotidiens et des magazines, qui émergent lentement en France.

Ces éditions lisibles sur ordinateur, tablette ou smartphone, qui reproduisent le journal à l'identique avec parfois des contenus en sus, étaient au début envoyées gratuitement aux abonnés des versions papier. Mais depuis deux ans, les éditeurs s'efforcent de développer des ventes séparées, via leur site ou des kiosques numériques, et conquièrent de nouveaux lecteurs.

Selon l'OJD, qui comptabilise les exemplaires numériques réellement vendus, les 41 titres de la presse payante les plus actifs dans ce domaine (magazines et quotidiens) en ont vendu 21 millions d'exemplaires au cours des neuf premiers mois de l'année (contre 15 millions il y a un an), soit seulement 2,6 % du nombre d'exemplaires papier.

Leurs ventes numériques ont bondi de 40 % en un an, alors que leurs exemplaires papier ont baissé de 50 millions, passant de 800 à 750 millions.

Les kiosques numériques (comme Relay.com, lekiosk.fr ou ePresse) ne représentent que 9 % des ventes, celui d'Apple souvent la majorité.

Numéro un du format numérique, Le Monde a vendu 8,5 millions d'exemplaires numériques sur neuf mois, soit 12 % du total de sa diffusion payée. C'est de loin le leader français en la matière, devant Les Echos (2,6 millions d'exemplaires en 9 mois), Libération et Le Figaro (2,4 millions chacun). Pour ces trois titres, les ventes numériques représentent environ 10 % de leur diffusion payée.

Viennent ensuite Public, Le Point, Paris Match, Courrier International et Elle. Le Parisien, L'Express, Le Nouvel Observateur et VSD arrivent bien plus bas dans le classement.

«Décollage»

«Nos ventes numériques ont augmenté de plus de 50 % cette année. Nous avons la volonté de nous développer là-dessus, nous nous associons donc à tous les kiosques structurants», a expliqué à l'AFP Edouard Minc, éditeur de Paris Match.

Apple et Google sont des vecteurs puissants. «Nos magazines ont été très vite sur le Newsstand d'Apple, qui représente la majorité des ventes de la version numérique de Match. Maintenant Google va ouvrir son kiosque, c'est pour nous une belle opportunité; nous y serons», dit-il.

Comme Apple, Google devrait prélever environ 30 % de commission. Les commissions d'Apple avaient d'abord été jugées excessives par les quotidiens français, mais mi-novembre Le Monde a décidé d'y être présent, suivant le choix des Echos.

Les kiosques numériques proposent, eux, des abonnements mensuels donnant accès à un bouquet de titres. Relay.com, qui appartient à Lagardère, pèse 44 % du marché selon l'OJD, suivi de lekiosk.fr (33 %) et d'acteurs plus petits comme ePresse, un GIE créé par les éditeurs (8 %), le seul à proposer les quotidiens, sauf Le Monde, qui n'est sur aucun kiosque.

Globalement, leur croissance est lente. Lekiosk, qui propose 1 200 titres, a atteint un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros en 2012, qui sera «en légère hausse» cette année, a expliqué Ari Assuied, président du groupe, qui revendique 30 000 abonnés réguliers.

Relay.com aussi affiche son optimisme: «le numérique va exploser, mais cela reste une activité économique difficile», a commenté mi-novembre Michel Pérol, directeur général de Relay France, qui indique avoir 80 000 clients réguliers.

Même sentiment chez Philippe Jannet, dirigeant d'ePresse, qui revendique 15 000 à 20 000 clients par mois et dit avoir multiplié par quatre son chiffre d'affaires en un an. «Il y a un décollage, mais il faudra du temps pour que les lecteurs s'habituent à lire la presse en version numérique. Le kiosque de Google va aider à développer le marché», ajoute-t-il.

Malgré ce contexte difficile, un nouveau venu se lance dans l'Hexagone, PressReader, gros kiosque numérique international.