Hier à Paris, le président français François Hollande recevait 24 chefs d'État et de gouvernement ainsi que les grands bonzes de l'Union européenne.

Au menu: comment stimuler l'emploi chez les jeunes, dont le taux de chômage suscite l'inquiétude partout. Il atteint des niveaux vertigineux de plus de 50% en Croatie, en Espagne et en Grèce.

S'il est vrai qu'il s'élève à seulement 7,7% en Allemagne, c'est néanmoins 2,5 points de pourcentage de plus que le taux de chômage pour l'ensemble de la première économie d'Europe.

Il y aurait 5,5 millions de demandeurs d'emploi âgés de 15 à 25 ans au sein de l'Union.

Si ces sommets suscitent de plus en plus de doutes sur leur efficacité, voire leur utilité, il est indéniable que le chômage chez les jeunes demeure un fléau tant économique que social et individuel.

Sur le plan économique, c'est une sous-utilisation de capital humain, un gaspillage de ressources. Sur le plan social, c'est un ferment de criminalité.

Sur le plan individuel, ce sont des revenus perdus, une avancée de carrière entravée, une formation et des compétences qui se dévalorisent.

À chaque cycle économique, les jeunes forment la cohorte qui retrouve en dernier le niveau d'emploi qu'elle avait atteint avant la récession.

Le Canada ne fait pas exception à cette règle.

En Europe, qui sort à peine d'une longue période de décroissance et où le retour à l'expansion prendra des années, le sort des jeunes est d'autant plus inquiétant que c'est l'ensemble du marché du travail qui n'a pas retrouvé sa taille d'antan.

Au Canada, le nombre d'emplois a dépassé depuis des mois déjà celui qu'il avait au moment où la récession a commencé, selon les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada.

À l'automne 2008, on dénombrait, d'un océan à l'autre, 17,16 millions d'emplois détenus par la population âgée de 15 ans et plus. Le mois dernier, c'était plutôt 17,79 millions. Malgré quelque 630 000 emplois de plus, le taux de chômage reste plus élevé qu'avant (6,9% comparativement à 6,2%), mais surtout, le taux d'emploi est nettement plus faible (61,8% comparativement à 63,6%).

On observe une réalité semblable au Québec, bien que beaucoup moins marquée.

Une partie de cet écart s'explique par le vieillissement de la population, qui entraîne des sorties naturelles de la population active. Une autre par les individus qui abandonnent la recherche d'un emploi par découragement. C'est toutefois la sous-utilisation des capacités de production qui en est la cause principale.

Si on regarde la cohorte des 15-24 ans, le portrait de l'emploi est beaucoup plus sombre, même après trois années d'expansion qui placent le Canada (et le Québec) à la tête du G7 dans ce domaine.

Pour l'ensemble du Canada, on compte quelque 225 000 jeunes de 15 à 24 ans de moins qui détenaient un emploi le mois dernier par rapport à septembre 2008. À 13,4%, le taux de chômage est 2,3 points de pourcentage plus élevé qu'à l'orée de la récession.

C'est beaucoup plus qu'en Allemagne, pourtant moins avancée dans son expansion du présent cycle.

Mince consolation, c'est beaucoup moins qu'en France où il s'élève à 26,4%, ce qui explique à la fois la grogne présente et l'exode de nombreux jeunes en quête de travail.

Le drame français est d'autant plus aigu que le poids relatif des jeunes y est beaucoup plus élevé qu'en Allemagne, où la population totale a commencé à diminuer. Leur émigration prive l'Hexagone d'une partie de ses forces vives, de sa capacité d'innover.

En regardant les données du Québec, on peut comprendre pourquoi on en attire de plus en plus. Chez nous, le taux de chômage des 15-24 ans atteint 12,4%. Certes, c'est beaucoup plus élevé qu'au pays d'Angela Merkel, par ailleurs réputé peu ouvert à l'immigration.

C'est néanmoins un point de pourcentage de mieux que le taux canadien. C'est d'ailleurs une des rares composantes du marché du travail où le Québec se distingue positivement du reste du Canada.