Le groupe américano-canadien d'informations financières et professionnelles Thomson Reuters (T.TRI) accélère ses réductions de coûts avec 3000 suppressions d'emplois supplémentaires d'ici fin 2014 en plus des 2500 déjà prévues cette année, frappant essentiellement sa division d'écrans financiers.

«Nous aurons environ 5500 postes de moins à la fin de 2014 que ce que nous avions à la fin de 2012», où les effectifs atteignaient 60 000 salariés, a annoncé un porte-parole, David Girardin.

Selon lui, «4500 d'entre eux sont attribuables à la division Finance et risque», qui chapeaute les services financiers et notamment les écrans boursiers installés dans les banques et les salles de marché en concurrence avec ceux de Bloomberg.

Thomson Reuters avait déjà annoncé mi-février 2500 suppressions d'emplois d'ici la fin de cette année. Le directeur général, James Smith, a toutefois dit mardi vouloir «accélérer le rythme des efforts pour simplifier et rationaliser notre organisation», après un nouveau recul des résultats au troisième trimestre.

Le bénéfice net a baissé de 39% à 271 millions de dollars et le chiffre d'affaires de 3% à 3,1 milliards, selon des chiffres publiés mardi.

Conditions difficiles dans le secteur bancaire

«Nous nous attendons toujours à des conditions difficiles dans les prochains trimestres, en particulier dans les plus grandes banques mondiales», a expliqué James Smith lors d'une téléconférence avec des analystes: ces importants clients du groupe restent confrontés à «des vents contraires», notamment en Europe, et s'efforcent de réduire leurs coûts ce qui se répercute sur leurs achats de services à Thomson Reuters.

Ce dernier a annoncé mardi une charge exceptionnelle de 350 millions de dollars, qui sera comptabilisée pour l'essentiel au quatrième trimestre.

D'après David Girardin, «la majorité de cette charge est associée à des indemnités de licenciement, correspondant à environ 3.000 postes», un chiffre incluant selon lui les mesures annoncées au début du mois.

Le groupe a prévu des suppressions d'emplois à la rédaction de l'agence de presse Reuters, concurrente de l'AFP. Des sources syndicales ont évoqué début octobre 5% des effectifs, ce qui représenterait environ 140 postes sur la base des 2800 journalistes revendiqués fin 2012.

Avant la nouvelle charge annoncée mardi, Thomson Reuters avait déjà prévu pour 100 millions de dollars d'indemnités de licenciement sur l'ensemble de l'année 2013, dont 97 millions avaient déjà été payés fin septembre.

Les nouvelles mesures devraient réduire ses coûts annuels d'environ 300 millions de dollars d'ici 2015, et permettre d'atteindre la même année, un an plus tôt que prévu, l'objectif d'une marge brute d'exploitation (Ebitda) de 30% dans la division financière. Elle était de 26,4% au troisième trimestre.

Thomson Reuters tire l'essentiel de ses revenus de ses activités d'informations spécialisées. Parmi elles, la division financière a encore été le premier contributeur au chiffre d'affaires au troisième trimestre, même s'il a reculé de 2% à 1,6 milliard de dollars en raison de faibles volumes de transaction et d'une baisse des revenus tirés des écrans financiers. Le bénéfice d'exploitation de la division a aussi baissé, de 7% à 735 millions de dollars.

Le groupe a par ailleurs des activités juridiques, de fiscalité et de comptabilité, ou encore de protection intellectuelle. Les médias, et notamment l'agence Reuters, lui ont rapporté seulement 82 millions de dollars de chiffre d'affaires trimestriel (+4%) et ont enregistré une perte d'exploitation de 191 millions de dollars (réduite de 11% sur un an).

Le groupe a parallèlement annoncé mardi une contribution exceptionnelle d'environ 500 millions de dollars aux fonds de pension de ses salariés aux États-Unis et au Royaume-Uni, et 1 milliard de dollars pour ses actionnaires via des rachats d'actions qui s'étaleront jusque fin 2014. Cela ira de pair avec une activité d'acquisition «plus modeste», selon le directeur financier Stephane Bello.

L'agence Moody's s'est inquiétée d'un possible recours à l'endettement pour financer les rachats d'actions et a baissé d'un cran la note qu'elle octroie au groupe, à Baa2. L'action Thomson Reuters a clôturé malgré tout en hausse de 3,13% à 36,85 dollars.