On reproche à la PME de ne pas innover. Celle-ci rétorque souvent qu'elle a trop peu de moyens, même si l'offre de crédit des institutions financières canadiennes est plus grande et meilleur marché que celle qu'on trouve aux États-Unis.

L'Association des banquiers canadiens vient justement de publier une étude comparative sur le sujet qui montre que l'écart s'est accentué depuis la récession.

On y apprend aussi que la valeur des prêts accordés à la PME canadienne croît légèrement plus vite que la taille de l'économie et que le financement est, en général, un obstacle quatre fois plus facile à surmonter que l'augmentation des coûts des intrants qui gruge directement la compétitivité et la marge de profit.

N'empêche. Beaucoup d'entrepreneurs fondateurs de leur PME préfèrent chercher l'occasion de se vendre à un plus gros, qui a trop souvent pour priorité d'acheter des parts de marché plutôt que de stimuler l'innovation ou l'expansion locale.

C'est un peu pour contrer cette fâcheuse tendance que le gouvernement du Québec consacre un volet de sa nouvelle politique économique à la modernisation de l'entreprise manufacturière (souvent petite) pour qu'elle puisse s'épanouir dans ce nouvel environnement.

Profitant de la Semaine de la PME, la Banque de développement du Canada (BDC) publie de son côté une vaste étude intitulée Planifier votre croissance future, Cinq tendances de consommation qui changent la donne (www.bdc.ca/Resources% 20Manager/study_2013/etude_BDC_tendances_consommation.pdf).

Ces tendances lourdes modifient le comportement des consommateurs dans leurs décisions d'achat de biens et de services.

Ce sont autant d'occasions pour la petite entreprise d'innover, souvent à peu de frais, et de se tailler des niches où la grande entreprise aura de la difficulté à les déloger, y lit-on.

L'étude est exhaustive, mais elle évite de donner des recettes.

La consultation du web avant d'acheter transforme la consommation depuis quelques années. Le lèche-vitrine y est plus facile. Pour l'entreprise, soutient l'étude, elle modifie aussi l'offre de biens et de services, ce qui permet à de nouveaux acteurs de tirer leur épingle du jeu à coûts assez modiques.

L'entreprise, quelle que soit sa taille, ne peut plus se contenter d'avoir un site d'achats en ligne. «La gestion attentive des commentaires que font les clients sur internet est cruciale», souligne-t-on.

Ainsi, un commentaire désobligeant fait grand tort à un restaurant ou une auberge. Un site bien animé avec des liens sur des plateformes comme Facebook est susceptible d'attirer des gens dans une boutique qu'ils n'auraient pas fréquentée autrement.

Pour la PME, le potentiel de cette mise en marché est d'autant plus grand que les achats en ligne au Canada ne sont pas encore concentrés sur quelques sites géants comme c'est le cas aux États-Unis.

Le vieillissement de la population et la préoccupation grandissante pour la santé et des habitudes de vie plus saines sont un deuxième créneau porteur. Aux régimes amaigrissants suggérés depuis des années par de grands fabricants, la PME peut opposer des produits sur mesure, sans allergènes ou avec des suppléments nutritifs offerts en option, comme le fait avec succès une firme allemande. C'est aussi l'occasion de proposer des services de bien-être ou des destinations tourisme santé de toutes sortes.

L'étude souligne toutefois que la transparence est de plus en plus de rigueur et ne se limite pas à des indications telles «commerce équitable» ou «sans agent de conservation», dont certains fabricants ont abusé.

Une politique d'achat qui allie responsabilité sociale et préoccupation environnementale est de plus en plus vendeuse, si la présentation est transparente et convaincante.

Il en va de même pour la fabrication locale susceptible de commander un prix un peu plus élevé qui permet à de petits fabricants (les artisans fromagers ou les producteurs de fraises, par exemple) de résister aux géants français ou californiens.

L'étude montre enfin que l'attachement à une marque est de moins en moins fort depuis la récession. Un plus grand nombre de consommateurs en veulent le plus possible pour leur argent, ce qui a donné naissance à des achats groupés ou à des partages de services que la PME est souvent plus à même d'organiser ou d'offrir.