Les chiffres très attendus de l'emploi aux États-Unis pour septembre, qui paraîtront mardi avec retard, devraient montrer que l'économie a continué de créer des emplois avant le blocage au Congrès sur le budget.

Les analystes s'attendent dans leur prévision médiane à un taux de chômage inchangé pour septembre à 7,3% avec un rebond du nombre des embauches par rapport à août, à 183 000 contre 169 000.

La publication de ces chiffres officiels du chômage et des créations d'emplois, à deux semaines d'une réunion de la Réserve fédérale, était initialement programmée le 4 octobre mais la fermeture partielle des services administratifs fédéraux a décalé la diffusion de nombreux indicateurs.

Indice précurseur des chiffres officiels, les créations d'emplois dans le secteur privé, recensées par la  société de services informatiques ADP pour septembre, avaient montré que l'économie avait continué ce mois-là de créer des emplois mais à un rythme plus modéré que prévu.

Il y a eu 166 000 nouvelles embauches dans le privé en septembre et les créations d'emplois des deux mois précédents ont été nettement révisées en baisse, selon ADP.

Les chiffres du ministère ne devraient pas suffire à décider le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), les 29 et 30 octobre, à réduire sa politique de soutien exceptionnel à la reprise et ses achats de bons du Trésor, estiment la plupart des analystes.

«Il n'est pas encore temps de réduire la politique monétaire ultra-accommodante (...). Les données économiques ne sont pas assez déterminantes», a estimé jeudi un membre du directoire de la Fed, Charles Evans, considéré comme une «colombe», plus préoccupé par l'emploi que par l'inflation.

Même Richard Fisher, le président de l'antenne régionale de la Fed à Dallas, qui n'a jamais été un grand partisan de l'assouplissement monétaire, a admis qu'une réduction des injections de liquidités de la Fed était peu probable à la réunion d'octobre en raison de l'absence de données statistiques.

«Ils ont aussi détruit nos instruments de lecture de l'économie !», s'était-il enflammé la semaine dernière sur la chaîne CNBC à l'encontre du Congrès avant qu'un accord soit trouvé pour remettre le gouvernement au travail.

«Ce n'est pas que nous ayons zéro données mais celles que nous avons vont être biaisées par le fait qu'elles seront en train de rattraper» les informations manquantes, a-t-il souligné.

Cela a été le cas des demandes hebdomadaires d'allocations chômage qui ont été «complètement déboussolées» ces dernières semaines par des problèmes informatiques dans l'État très peuplé de Californie et par le nombre de fonctionnaires s'inscrivant au chômage pour une semaine, notait Ian Shepherdson, chef économiste de Pantheon Macroeconomics.

Dans ces conditions,  «nous pensons que décembre est la date la plus probable» pour une décision par la Fed d'une réduction de son aide, estimait vendredi Michael Gregory, de la banque BMO, évoquant la réunion du FOMC des 17 et 18 décembre.

D'ici là, la Fed, dont le double mandat est la stabilité des prix et le plein emploi, aura eu en main trois rapports sur l'emploi, soulignait-il.

Car les chiffres de l'emploi pour octobre vont suivre de près ceux de septembre. Attendus le 8 novembre, ils devraient montrer l'impact du blocage au Congrès alors que la Fed a noté dans son livre beige mercredi «des incertitudes» parmi les employeurs «autour du débat budgétaire».

Selon l'agence de notation Standard & Poor's, la mise au chômage partiel des fonctionnaires va coûter 0,6 point de pourcentage à la croissance économique américaine au quatrième trimestre.

Plusieurs membres de la Fed, dont le président Ben Bernanke, ont en outre insisté récemment sur le fait que le taux de chômage reflétait mal la réalité du marché de l'emploi.

«Le taux de chômage n'est pas forcément la meilleure mesure de l'état du marché du travail en toutes circonstances», avait noté M. Bernanke en septembre.

Les nombreux baby-boomers arrivant à la retraite, les chômeurs découragés abandonnant la recherche d'un travail et la recrudescence de l'emploi à temps partiel font baisser le chômage pour de mauvaises raisons, arguent ces membres de la Fed.