C'était avant les gratte-ciel rutilants, l'arrivée massive de l'automobile et des produits de luxe. Paul Desmarais a fait office de pionnier dans le marché chinois, tissant dès la fin des années 70 des relations commerciales qui ont permis à son conglomérat de devenir un acteur central dans l'empire du Milieu.

Les premiers contacts remontent à 1978. Sous l'impulsion du dirigeant réformiste Deng Xiaoping, Paul Desmarais organise une tournée économique à Pékin, où le vélo est roi, et le capitalisme, embryonnaire. La Chine d'alors est tout sauf attirante pour la plupart des investisseurs occidentaux.

«Ce n'était définitivement pas évident, mais ça montre que lui voyait la Chine d'une façon différente de bien des gens à ce moment-là. Il voyait les opportunités», souligne Laurent Beaudoin, président du conseil d'administration de Bombardier, qui a connu Paul Desmarais à la fin des années 60.

Le succès n'est pas instantané en Chine, loin de là. Il faudra plusieurs années, jusqu'en 1986, pour que Power Corporation mette sur pied sa première coentreprise avec la chinoise China International Trust and Investment Corporation (CITIC).

Les partenaires investissent d'abord ensemble au Canada, dans une usine de pâte à papier de Colombie-Britannique. Après la vente de cet actif, Power Corporation fonde une filiale (Power Pacific Corporation) et ouvre des bureaux à Hong Kong en 1994, puis Pékin en 1998.

Toujours avec CITIC, le groupe aménage des terrains dans la zone économique spéciale de Pudong, près de Shanghai. Un investissement judicieux alors que la ville connaît une croissance exponentielle. C'est aussi à cette époque que l'entreprise aide Bombardier à pénétrer le marché chinois, en lançant une usine de voitures de chemin de fer près de Pékin.

Relations étroites

Power Corp. prend en outre une participation dans CITIC Pacific, une société holding présente dans la production d'électricité, dans les communications, les transports et l'immobilier. À la fin de 2012, Power Corp. détenait 4,3% des actions de CITIC Pacific.

Les relations étroites avec les autorités chinoises tissées de longue haleine par Paul Desmarais, puis ses fils André et Paul, jr, ont constitué la clé de voûte de son succès en Chine, croit Karl Moore, professeur de gestion à l'Université McGill. «Les Chinois accordent une grande valeur à cela et surtout au fait de rencontrer le dirigeant lui-même.»

L'aura de Paul Desmarais en Chine a aussi ouvert bien des portes pour les entreprises canadiennes, selon Laurent Beaudoin. «Il a été un bon ambassadeur pour le Canada, pour le Québec aussi, pour aider à nous faire connaître en Chine.»

Parmi les autres investissements de Power en Chine, on compte une participation de 10% dans China AMC, le plus important gestionnaire d'actifs en Chine. Celle-ci était évaluée à 282 millions au 31 décembre dernier. Au total, les actifs de la société en Asie s'élevaient à 782 millions à cette date.