L'univers du capital-risque en sciences de la vie reprend une fois de plus du poil de la bête. Après l'annonce d'une présence québécoise dans le nouveau projet de la firme Sanderling, c'est au tour du fonds montréalais de capital-risque TVM VII d'y aller d'une bonne nouvelle: celui-ci misera bientôt sur une enveloppe supplémentaire de 20 millions de dollars provenant de deux grandes sociétés pharmaceutiques coréennes.

Grâce à l'investissement, le fonds gonflera à 170 millions de dollars. Une somme qui sera répartie dans près de 20 sociétés en biotechnologie d'ici la mi-2017.

TVM refuse pour l'instant de révéler le nom des deux sociétés sud-coréennes concernées. «Ça démontre que notre modèle fonctionne bien», se contente de répondre Luc Marengere, partenaire associé chez TVM.

Si le gestionnaire de fonds offre cette réponse, c'est que la venue des deux nouveaux partenaires démontre bien, selon lui, que les pharmaceutiques ne sont pas réticentes à collaborer entre elles pour financer le développement des molécules qui seront au coeur des médicaments de demain.

Ainsi, en se joignant à la liste des investisseurs de TVM, les deux sociétés s'ajoutent à l'américaine Ely Lilly, qui a déjà investi 30 millions dans l'aventure et qui pilote dans l'ombre les projets du fonds par l'entremise de sa division Chorus.

Grâce à sa participation, l'américaine bénéficiera d'un droit de premier refus sur le développement futur des médicaments lorsque ceux-ci auront atteint l'étape de preuve de concept chez l'humain, soit après la phase IIA. C'est précisément à cette étape que TVM entend céder la mise au point de ses médicaments à des tiers.

Deux investissements

Jusqu'ici, en un peu plus de 18 mois d'existence, TVM VII a fait deux investissements avoisinant chacun les 14 millions.

Le premier a permis la création de Kaneq bioscience, spin-off de Kaneq pharma, société montréalaise fondée par d'anciens chercheurs du centre de recherche de Merck à Kirkland. L'entreprise cherche à créer une molécule pour traiter le diabète de type 2.

Dans le second cas, l'investissement a permis à TVM de poursuivre la mise au point d'une molécule créée au Royaume-Uni par Pfizer et ayant pour cible le "traitement" de l'éjaculation précoce. La société Ixchelsis est derrière ce projet.

Grâce à l'expertise de Chorus, ces deux projets devraient atteindre la phase IIA de leur mise au point d'ici environ trois ans si tout va comme prévu. D'ici là, des entreprises de services du Québec, connues comme des «organismes de recherche sous contrat» ou «CRO» en anglais, profiteront des retombées de ces projets en agissant à titre d'acteurs dans leur développement. À terme, de 70 millions à 100 millions resteront au Québec, selon Luc Marengere. «Il y a de vrais dollars qui se retrouvent déjà dans l'industrie des services, ici même», dit-il.

TMV VII en chiffres : 

> 170 millions: taille totale du fonds

> 65 millions: part de Teralys, fonds de fonds québécois

> 30 millions: part d'Eli Lilly

> 20 millions: part de BDC Capital de risque