La Banque du Canada a indiqué mardi qu'elle révisait à la baisse ses projections de croissance économique dans la seconde moitié de 2013 et possiblement pour l'année prochaine, faisant valoir que les consommateurs sont plus prudents et que le secteur des exportations tarde à se rétablir entièrement.

La banque centrale a indiqué mardi, par l'entremise d'un discours livré par le premier sous-gouverneur Tiff Macklem, ne plus s'attendre à un taux de croissance de l'économie de 3,8% pour la période de juillet à septembre, tel qu'avancé précédemment.

L'institution affirme plutôt que l'économie canadienne progressera d'un rythme plus modéré d'entre 2,0 et 2,5% au troisième trimestre et que la cadence sera similaire au quatrième trimestre.

La banque centrale avait prédit précédemment une expansion de 2,5% pour les trois derniers mois de l'année.

Les nouvelles projections ont été dévoilées dans le texte d'un discours livré mardi par M. Macklem devant l'Economic Club of Canada à Toronto.

Il s'agit d'une procédure inusitée pour la banque centrale, qui émet habituellement ses nouvelles projections lors des mises à jour sur sa politique monétaire chaque trimestre. La prochaine annonce est prévue le 23 octobre.

À part le fait que des indicateurs préliminaires montrent un rebond moins marqué que prévu au troisième trimestre, les raisons ayant motivé ce changement précipité n'étaient pas claires.

Un rapport sur le produit intérieur brut (PIB), publié lundi par Statistique Canada, faisait état d'une croissance économique de 0,6% en juillet, un bon résultat pour le mois mais un niveau insuffisant pour soutenir une progression de près de quatre pour cent pour le trimestre.

Dans son discours, M. Macklem explique que les Canadiens sont devenus plus prudents dans leurs dépenses, une attitude bienvenue étant donné des niveaux d'endettement déjà à des sommets records.

«C'est là une bonne nouvelle, a-t-il affirmé. Mais cette prudence toute récente des ménages, si encourageante soit-elle, limite la croissance. Pour remplacer cette croissance, il faut que la demande se déplace vers les exportations et les investissements des entreprises. Malheureusement, ce déplacement tarde à se manifester.»

La banque centrale estime encore qu'une reprise de vigueur de l'économie américaine mènera éventuellement à une augmentation de la demande pour les produits canadiens, a indiqué M. Macklem, tout en précisant que cela prendra plus de temps que prévu en raison des pressions concurrentielles et de la faiblesse persistante de la demande.

Cette plus lente reprise a aussi incité les entreprises à attendre avant d'accroître leurs investissements, un cercle vicieux qui freine la progression de l'économie.

Bien que M. Macklem n'ait pas spécifiquement fait référence à 2014, l'analyse laisse croire que la banque centrale pourrait aussi se diriger vers une révision à la baisse de la croissance de 2,7% projetée pour l'année prochaine, une prédiction déjà perçue comme trop optimiste par plusieurs économistes.

Le premier sous-gouverneur n'a fait aucune mention de la fermeture partielle du gouvernement américain en raison de l'impasse des négociations budgétaires et de l'échéance à venir sur le plafonnement de la dette. Si elle persiste, cette situation pourrait, selon des économistes, sabrer jusqu'à 1,5% de la croissance aux États-Unis. Un tel scénario pourrait aussi avoir un impact au Canada, particulièrement dans le secteur clé des exportations.