L'argent ne pousse pas dans les arbres québécois: en termes de revenus, le Québec traîne de la patte par rapport aux autres provinces. Son revenu familial médian n'est que de 68 000 $ alors qu'il est de 76 000 $ en moyenne au Canada en 2010, révèlent les derniers chiffres de l'Enquête nationale auprès des ménages de Statistique Canada.

Et pendant ce temps, les ménages dépensaient plus qu'ils ne le devraient pour devenir propriétaire ou simplement se trouver un appartement, indique l'étude dont les résultats ont été rendus publics mercredi.

Le revenu des Québécois augmente aussi plus lentement que la moyenne canadienne: depuis le dernier recensement en 2006, il n'a augmenté que de cinq pour cent alors que la progression ailleurs au pays a été en moyenne de 6%.

Les recettes familiales québécoises ne sont ainsi supérieures qu'à deux provinces, soit le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador, où elles se situent à environ 65 000 $.

Les ménages québécois sont toutefois à peu près à égalité avec ceux de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard. Sans surprise, c'est dans la riche province de l'Alberta où le revenu médian est le plus élevé avec 93 000 $ bien sonnants.

On parle ici des revenus avant impôts, calculés en fonction d'une famille d'au moins deux personnes, avec ou sans enfants.

Car le revenu médian d'une personne seule au Canada n'est que de 30 000 $. Et il est moindre aussi au Québec, souligne Sylvie Michaud, directrice générale des statistiques en éducation, travail et revenu à Statistique Canada.

«C'est vrai aussi au niveau du revenu médian des individus, où le Québec est légèrement inférieur à la moyenne nationale», indique-t-elle, précisant qu'il est de 28 000 $.

Le revenu médian signifie que la moitié des ménages gagnent au-dessus de ce chiffre, et l'autre moitié, en-dessous.

Ces statistiques proviennent de la controversée Enquête nationale auprès des ménages (ENM), qui a remplacé le long formulaire de recensement, aboli par le gouvernement conservateur en 2010. Le changement effectué rend très difficiles les comparaisons avec les chiffres du passé, le formulaire ayant changé et n'est de surcroît plus obligatoire.

Pas moyen donc de savoir avec certitude combien l'écart entre les pauvres et les riches s'est accru au cours des dernières années, entre autres choses.

Les Québécois sont aussi parmi ceux qui ont le plus bénéficié des prestations d'assurance-emploi: 2,4% de leurs revenus globaux proviennent de cette source gouvernementale, par rapport à 1,8 en moyenne pour le Canada.

L'enquête révèle aussi que 13% des Canadiens vivent uniquement de prestations gouvernementales diverses.

L'enquête révèle de plus qu'à Montréal, les moins nantis vivent dans des quartiers pauvres, et cela, bien plus que n'importe où au pays. Trente-quatre pour cent des Montréalais à faible revenu vivent dans des quartiers considérés à faible revenu (c'est-à-dire où au moins 30% des habitants sont aussi à faible revenu).

Quant au 1% des plus riches au pays, ils devaient gagner plus de 191 000 $ par année pour se qualifier en haut de ce palmarès. Ils étaient 272 600 sur cette liste en 2011 et leur revenu moyen de 381 300 $ chacun signifie qu'ils gagnent 10 fois plus que le Canadien moyen, qui a un revenu annuel de 38 700 $.

Retour dans le temps? Ces riches Canadiens étaient pour la plupart des hommes d'âge mûr vivant en couple, mariés ou non. Ils sont retrouvés surtout dans les grandes métropoles, en Ontario - Toronto étant le centre financier du pays - et en Alberta où le pétrole coule et se transforme en dollars.

Et l'éducation demeure payante: plus des deux tiers de ces mieux nantis ont un diplôme universitaire, comparativement à 21% du total de la population. Et près d'un quart des diplômés universitaires ont réussi d'ailleurs à se frayer un chemin dans le top 10% des hauts salariés.

Le logement au Canada

Plus des deux tiers des Canadiens sont propriétaires de leur résidence, démontrent les chiffres de l'agence fédérale.

Et le condominium est prisé: parmi ceux qui ont choisi d'acheter une propriété entre 2006 et 2011, un ménage sur cinq avait choisi cette forme d'habitation.

Mais l'endettement plane au-dessus des têtes des familles, locataires comme propriétaires.

Un quart d'entre elles consacraient plus de 30% de leur revenu pour se loger, c'est-à-dire au-delà du seuil d'abordabilité défini par la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL).

Ceux qui avaient franchi ce seuil déboursaient en moyenne 1259 $ par mois pour se loger, soit 510 $ de plus qu'ils ne le devraient, selon la SCHL.

Les ménages propriétaires dépassaient ce seuil de 617 $ par mois, soit plus que les locataires, qui enregistraient un extra de 403 $. C'est à Vancouver que la proportion de citoyens qui dépensent plus de 30% de leur revenu pour se loger était la plus élevée, avec 33,5% d'entre eux. Mais ce sont les habitants de Saguenay qui tiennent le plus serré les cordons de leur bourse: seulement 19% des habitants de cette ville paient plus que le seuil prescrit.

Et les propriétaires avec une hypothèque étaient particulièrement pris à la gorge: ils composent 82% du groupe des propriétaires qui dépassent le seuil d'abordabilité.

Finalement, en 2011, un demi-million de locataires vivaient dans un logement subventionné.