L'opérateur téléphonique américain Verizon prépare une émission obligataire record de 25 milliards de dollars pour refinancer les prêts souscrits pour l'acquisition de la totalité de Verizon Wireless.

«Verizon a souscrit un très gros prêt relais pour financer cette transaction. La semaine prochaine ou la suivante, Verizon va essayer de lancer des émissions obligataires pour convertir ces prêts bancaires en obligations», a expliqué à l'AFP une source proche du dossier.

Le montant envisagé est de 25 milliards de dollars et «il y a donc une très bonne chance que cela devienne la plus grosse émission obligataire» jamais connue, a ajouté cette source ayant requis l'anonymat.

A ce niveau, elle dépasserait en effet l'émission obligataire lancée par le géant informatique Apple en avril, qui avait atteint 17 milliards de dollars.

L'action de Verizon prenait 1,24% à 47,36 dollars en début de séance.

Verizon a annoncé lundi qu'il allait débourser 130 milliards de dollars pour racheter la part de 45% du britannique Vodafone dans leur coentreprise de téléphonie mobile aux États-Unis Verizon Wireless, la deuxième plus grosse opération de fusion et acquisition de tous les temps.

Verizon va payer 58,9 milliards de dollars en numéraire, financés grâce à un accord avec les banques J.P. Morgan Chase, Morgan Stanley, Bank of America et Barclays.

Le groupe va parallèlement offrir pour 60,2 milliards de dollars d'actions à Vodafone, émettre pour 5 milliards de dollars de titres de créances à Vodafone et vendre les 23,1% qu'il détient dans Vodafone Italie pour 3,5 milliards de dollars.

Les 2,5 milliards de dollars restants seront «la combinaison d'autres considérations», avait indiqué Verizon lundi.

L'opération représente pour les quatre banques impliquées, de grands noms de Wall Street et de la City, des centaines de millions de dollars d'honoraires et commissions.

Mardi lors d'une conférence d'analystes, le patron de Verizon, Lowell McAdam, avait souligné que son groupe comptait «rembourser à relativement court terme» ses prêts bancaires en les refinançant sur les marchés.

Reste à savoir quand et comment sera refinancé le restant des prêts relais.

Face à l'énorme charge de dette prise par Verizon pour financer son acquisition, les agences d'évaluation financière Moody's et S&P ont abaissé d'un cran la note du crédit de l'opérateur de télécoms américain.

«Verizon a beaucoup augmenté son endettement, mais peut se le permettre à cause de ses flux de trésorerie abondants», estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert Financial Services.

Créé en 2000, Verizon Wireless est le plus gros opérateur américain de téléphonie mobile, avec 100 millions de clients et 73.400 salariés. La coentreprise a dégagé en 2012 un chiffre d'affaires de 75,9 milliards de dollars.

«Même si la note de leur dette a été dégradée, cela leur coûte moins cher de procéder à cette émission (rapidement) que d'attendre, vu l'incertitude sur les taux d'intérêt», ajoute M. Volokhine.

Les taux semblent en effet «amenés à remonter aux États-Unis alors que la Fed envisage de ralentir ses mesures de soutien aux marchés», ajoute-t-il. Ils ont déjà remonté nettement depuis l'annonce de cet objectif en juin.

Pour M. Volokhine, l'offre obligataire de Verizon devrait plaire aux investisseurs, car le groupe «va probablement émettre à un taux autour de 4%, d'autant plus attractif que l'entreprise est solide».

Pour lui, Verizon est encore plus attrayant qu'Apple pour un investisseur, car «il n'y a pas de risque produit»: «Les produits Apple pourraient être passé de mode dans 20 ans alors que l'un des plus gros opérateurs de télécoms des États-Unis sera toujours là».