Les chiffres de l'emploi aux États-Unis attendus vendredi devraient montrer un rythme soutenu de nouvelles embauches, laissant la porte ouverte à la Réserve Fédérale pour commencer à alléger son soutien exceptionnel à l'économie, estiment les analystes.

Le secteur privé a continué à embaucher davantage en août, même si le rythme de ces créations d'emplois a décéléré légèrement, selon l'enquête mensuelle publiée jeudi par la société de services informatiques ADP.

Les entreprises privées ont ainsi créé en août 176 000 emplois de plus qu'elles n'en ont détruit, contre 198.000 en juillet, a indiqué ADP. Le secteur des services a été de loin le plus porteur, fournissant 165 000 des 176 000 créations d'emplois.

En outre, les chiffres officiels ont montré jeudi un recul des demandes hebdomadaires d'allocations chômage pour la dernière semaine d'août, à 323 000, leur deuxième plus bas niveau depuis janvier 2008.

Vendredi, à deux semaines de la prochaine réunion de politique monétaire de la Réserve Fédérale (Fed), le département du Travail publie le taux de chômage officiel pour août.

Les analystes s'attendent en moyenne à un taux inchangé à 7,4%, ce qui représente 11,5 millions de chômeurs, mais espèrent quelque 177 000 créations nettes d'emplois contre 162 000 le mois précédent.

Il y a six mois, le taux de chômage américain se situait à 7,9%. En moyenne sur un an, l'économie a créé quelque 192 000 emplois par mois, selon les derniers chiffres du département du Travail.

La Fed, dont le double mandat est de maintenir la stabilité des prix et de promouvoir le plein emploi, scrute ces chiffres du chômage.

Leur bonne tenue pourrait lui donner le signal d'un début de modification de sa politique monétaire ultra-accommodante lors de la réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) les 17 et 18 septembre.

Commentant les chiffres de l'emploi dans le secteur privé, Ian Shepherdson, du cabinet de recherches Pantheonmacro, a convenu que «des chiffres un peu supérieurs étaient espérés». «Mais s'ils sont confirmés par les chiffres officiels de l'emploi, c'est bien assez pour que la Réserve fédérale maintienne le cap vers une réduction de ses achats d'actifs ce mois-ci», a-t-il affirmé vendredi dans une note.

Même son de cloche chez BMO, où Jennifer Lee ne trouvait pas ces créations d'emplois du secteur privé «très excitantes, mais suffisantes pour convaincre la Fed de réduire» sa politique de soutien exceptionnel à la reprise.

Par ailleurs, «les nouvelles inscriptions au chômage continuent d'accompagner le rythme de créations d'emplois», a affirmé Jay Morelock, économiste chez FTN Financial.

«Si les embauches publiées vendredi montrent encore une amélioration du marché de l'emploi, attendez-vous à voir la Fed s'appuyer sur ces données lors de sa réunion de septembre, ce qui augmente la probabilité d'une réduction des achats d'actifs», a ajouté cet analyste. Certains économistes continuent toutefois de penser qu'un allègement de la politique ultra-accommodante de la Fed n'interviendra pas avant décembre.

Au sein du FOMC, les dirigeants de la Réserve fédérale sont encore partagés. Mercredi soir, Narayana Kocherlakota, président de l'antenne de Minneapolis et membre non-votant du Comité de politique monétaire, a estimé que le FOMC «devrait fournir davantage de stimulus et pas moins».

En revanche, le président de la Fed de San Francisco, John Williams, lui aussi membre non-votant, a prévenu mercredi «que le temps approchait où l'économie va atteindre par elle-même suffisamment de croissance pour se passer d'un stimulus monétaire supplémentaire».

Depuis le mois de mai, le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke a averti que la Fed entendait réduire les 85 milliards de dollars qu'elle dépense mensuellement en bons du Trésor et titres hypothécaires pour soutenir la reprise et faire baisser les taux. Cette perspective a provoqué une volatilité des marchés boursiers et un relèvement des taux sur les bons du Trésor.

Une hausse du taux d'intérêt directeur, principal outil de politique monétaire de la Fed qui est maintenu proche de zéro depuis presque cinq ans, n'est, elle, pas envisagée avant que le chômage descende sous les 6,5%, a promis Ben Bernanke.