Prenant acte du ralentissement de l'expansion de l'économie canadienne au printemps, la Banque du Canada a reconduit sans aucune surprise son taux directeur à 1,0% pour la 24e fois d'affilée. Il est fixé ainsi depuis septembre 2010.

«Les conditions économiques incertaines à l'échelle du globe semblent retarder le déplacement anticipé de la demande au Canada vers les exportations et les investissements», lit-on dans le bref communiqué faisant part de sa décision.

Quelques minutes avant l'annonce des autorités monétaires, Statistique Canada avait indiqué hier que le déficit commercial du Canada s'était creusé en juillet pour atteindre 931 millions de dollars, soit le double de celui de juin. La baisse de 0,6% de la valeur des exportations, jumelée à une hausse d'autant des importations, explique ce solde négatif du commerce de marchandises.

Le Canada n'a pas enregistré de surplus mensuel de son commerce international de marchandises depuis 2011.

Ce qui n'est guère de nature à rassurer le gouverneur Stephen Poloz et son équipe, c'est le recul des importations de machines, de pièces industrielles et de produits informatiques. Il faut y voir le signe que les entreprises hésitent toujours à investir.

Mince consolation, les exportations de produits forestiers poursuivent leur remontée. Les livraisons ont bondi de 8,2% en juillet et progressent de 10,1% en un an.

Tout ce que cette industrie doit souhaiter, c'est que la hausse du loyer de l'argent n'entrave pas trop la reprise de la construction résidentielle observée chez nos voisins.

La Banque constate aussi que la croissance américaine est moins robuste que prévu, tandis qu'elle observe en Europe les premiers signes d'une reprise.

Cela ne se reflète pas encore dans nos échanges commerciaux toutefois. Les exportations vers l'Union européenne ont plongé de 15,9% en juillet et sont en chute de 21,7% depuis un an (2,6 milliards comparativement à 3,3 milliards).

La Banque manifeste aussi une certaine inquiétude à l'endroit des économies émergentes, où elle constate «une volatilité financière accrue» qui soutient les prix des biens de base et les cours du pétrole en particulier.

Le plus faible écart entre les prix du Western Canada Select et du West Texas Intermediate explique sans doute l'augmentation de 16,7% de la valeur des exportations canadiennes de produits énergétiques depuis un an.

Chez nous, les autorités monétaires constatent aussi que la croissance des crédits aux ménages ralentit à la faveur des augmentations des taux hypothécaires.

Fait étonnant, tout en indiquant que l'expansion se poursuit conformément à son scénario de juillet, la Banque précise que c'est seulement à partir de 2014 que l'écart de production devrait se résorber. Cet écart mesure la différence entre la croissance réelle et le potentiel de l'économie canadienne, estimé à 2,1%. Cette estimation sera cependant revue en octobre.

Cette précision nouvelle sous-entend que la Banque ne s'attend plus à un rebond robuste de la croissance en deuxième moitié d'année, comme elle l'avait anticipé dans son scénario de juillet qui misait cependant sur une croissance plus faible encore que celle de 1,7% observée au printemps.

Enfin, la Banque estime que la croissance et le taux d'inflation évoluent conformément à ses attentes.

Voilà pourquoi c'est sans surprise qu'elle reprend la formule lancée par le gouverneur Poloz en juillet dernier: «Tant que l'économie canadienne affichera une marge importante de capacités inutilisées, que les perspectives en matière d'inflation resteront faibles et que l'évolution des déséquilibres dans le secteur des ménages continuera d'être constructive, la détente monétaire considérable en place actuellement demeurera appropriée.

Au fil du temps, à mesure que la normalisation de ces conditions s'effectuera, on peut s'attendre aussi à une normalisation graduelle du taux directeur, de façon à atteindre la cible d'inflation de 2%.»

La Banque publiera son nouveau scénario économique le 23 octobre.