Ce n'est peut-être pas le scénario idéal pour le portefeuille des consommateurs, mais ils peuvent néanmoins se réjouir de l'appréciation de leur caisse de retraite si ce n'est de leur portefeuille boursier. Le désintéressement affiché par le géant américain Verizon (VZ) pour le marché canadien de la téléphonie cellulaire a permis aux grandes entreprises canadiennes de télécommunications de récupérer presque toutes les pertes essuyées depuis la naissance de la menace.

Durement frappées dès les premières rumeurs dans la presse torontoise de l'incursion du puissant exploitant américain en terre canadienne, Rogers Communications [[|ticker sym='T.RCI.B'|]], Telus [[|ticker sym='T.T'|]] et BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] ont bondi de 7,2%, 6,8% et 3,9%, respectivement hier en Bourse tandis que la menace de Verizon s'éteignait. Même Québecor [[|ticker sym='T.QBR.B'|]] y trouve son compte: l'entreprise montréalaise, qui s'était distanciée de la «triple alliance» et son "éventail à moineaux», a gagné 3,2% dans un marché par ailleurs favorable.

Entre le 25 juin, quand Verizon a manifesté son intérêt pour le petit exploitant canadien Wind Mobile, et le 14 août, quand les craintes ont commencé à s'apaiser, les actions de Rogers, Telus et BCE ont chuté de 11,9%, 7,9% et 3,6%, respectivement. La perte est de 12,0%, 12,0% et 5,6%, si l'on remonte au 17 juin, quand la presse financière torontoise a sonné l'alarme la première fois.

Aux cours actuels, BCE a récupéré plus que le terrain perdu, Telus est en voie d'égaliser son niveau du 17 juin, et Rogers est à 1,40$ près de son prix de départ. Pour Québecor, il s'agit d'un gain net puisque le titre, en forte hausse depuis le début de l'année, n'a guère été secoué par le spectre de Verizon.

Québecor est avantagée

Verizon a abandonné ses projets d'acquérir les petits exploitants en difficulté financière Wind Mobile et Mobilicity comme porte d'entrée au Canada pour se concentrer sur le rachat de la part de son partenaire britannique Vodafone dans leur coentreprise de téléphonie mobile Verizon Wireless, une opération de 130 milliards US.

Le géant américain ne participera vraisemblablement pas aux prochaines mises aux enchères du spectre de 700 MHz, le 14 janvier 2014, ce qui relâche aussi les pressions sur les soumissions. Selon Adam Shine, analyste de la Financière Banque Nationale, «il est vraisemblable que les titulaires s'en tireront tous pour moins que les 700 millions prévus».

Québecor Média, qui a budgété 300 millions pour son expansion, économisera aussi.

L'entreprise dirigée par Pierre Karl Péladeau se retrouve dans une position dominante pour acheter un bloc de spectre de fréquences à un prix abordable, note Maher Yaghi, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins. Contrairement à ses grands rivaux, l'exploitant de téléphonie mobile présent seulement au Québec n'est pas limité à l'achat d'un seul bloc de spectre à l'occasion des prochaines enchères.

Selon Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, outre Québecor, d'autres exploitants régionaux, comme Manitoba Telecom, peuvent aussi se réjouir de ne pas avoir à livrer bataille à un géant venu du sud. L'impact serait cependant neutre pour Bell Aliant ou le câblodistributeur québécois Cogeco Câble.

Si la venue d'un quatrième acteur majeur dans l'industrie du sans-fil au Canada est toujours possible, Adam Shine, analyste bien informé, dit ignorer quelle autre société internationale pourrait prendre la place de la "formidable" entreprise pour laquelle Ottawa avait déroulé le tapis rouge.

-----------------

LA RECOMMANDATION

Adam Shine a porté Québecor sur la liste «Action» des titres coups de coeur de la Financière Banque Nationale. Avec le désistement de Verizon, l'analyste se dit à l'aise de majorer son évaluation du groupe avant même de connaître les résultats pour le deuxième trimestre. Cette évaluation passe de 26,50$ à 28,50$ suivant un multiple de six fois les bénéfices d'exploitation estimés pour 2013 et les deux prochains exercices.

------------------

CIBLES DE PRIX REVISÉES SUR 12 MOIS

BCE ROGERS TELUS

RBC Marchés des capitaux 48,00$ (42,00$) 49,00$ (43,00$) 37,00$ (31,00$)

Financière Banque Nationale 45,50$ (44,00$) 47,50$ (44,00$) 36,00$ (33,00$)

Val. mob. Desjardins 48,00$ (48,00$) 47,50$ (47,50$) 35,50$ (35,50$)

Cormark Securities 44,50$ (43,00$) 54,00$ (50,00$) 37,00$ (35,00$)