L'économie canadienne s'est essentiellement évanouie en juin, touchée à la fois par d'importantes inondations en Alberta et par une grève de la construction au Québec, ce qui s'est traduit par la plus faible production mensuelle du pays depuis la récession et a ramené la croissance du deuxième trimestre à un maigre 1,7%.

Malgré tout, les chiffres n'étaient pas aussi mauvais qu'à première vue.

La glissade de juin s'est limitée à 0,5% - ce qui reste le pire résultat mensuel depuis mars 2009 - et la croissance du trimestre a été supérieure à celle d'un pour cent attendue par la Banque du Canada. Par ailleurs, Statistique Canada a révisé à la baisse, vendredi, sa première évaluation de la croissance du premier trimestre, laquelle est passée de 2,5% à 2,2%.

Cela aurait pu être pire, ont noté des économistes, tout en précisant que les répercussions des inondations en Alberta et de la grève au Québec avaient été moins importantes que prévu.

Des analystes ont estimé que la Banque du Canada verrait probablement le résultat de juin comme une aberration temporaire, et ils ont ajouté que le rapport de vendredi ne changerait probablement pas l'opinion du gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, au sujet des taux d'intérêt, qu'il compte garder inchangés lors de son annonce à ce sujet, prévue la semaine prochaine.

Cela semble également avoir été la réaction initiale des marchés, vendredi, alors que les cambistes ont dans l'ensemble fait peu de cas du rapport de Statistique Canada, laissant le huard osciller autour des 95 cents US.

Un solide trimestre en matière de consommation des ménages - qui a progressé de 3,8 pour cent sur une base annualisée - a permis à l'économie d'éviter le pire. Mais avec des niveaux d'endettement continuant de flirter avec des sommets records, la consommation ne pourra pas soutenir la croissance pendant encore bien longtemps, ont prévenu des économistes. Pour que l'économie passe à une vitesse supérieure, les secteurs de la fabrication et de l'exportation devront prendre du mieux, ont-ils fait valoir.

«La faiblesse du dollar canadien et l'accélération de la croissance aux États-Unis ne viendront jamais assez vite pour les fabricants», a fait valoir l'économiste Benjamin Reitzes, de BMO Marchés des capitaux.

Sur ce front, les nouvelles sont bonnes.

Jeudi, les États-Unis ont revu à la hausse leur performance économique durant le deuxième trimestre, passée à 2,5%, par rapport à la croissance de 1,7% précédemment annoncée. Les analystes estiment pour la plupart que la croissance accélérera au sud de la frontière durant la deuxième moitié de l'année.

La récente dévaluation de 5% du dollar canadien par rapport à la devise américaine devrait en outre aider les fabricants et les exportateurs canadiens, qui expédient la majeure partie de leur production aux États-Unis. Certains analystes prévoient que le huard chutera à environ 90 cents US d'ici la fin de l'année.

Néanmoins, l'analyste Avery Shenfeld, économiste en chef de la Banque CIBC, a prévenu que la performance de l'économie canadienne ne serait probablement pas aussi solide que la croissance de 3,8% prévue par la Banque du Canada. Si l'impact des inondations en Alberta et de la grève de la construction au Québec n'a pas été aussi élevé que prévu, la réaction de l'économie sera moins vive que ne le croit la banque centrale, a-t-il estimé.