Des milliers d'enfants, parfois âgés de seulement huit ans, travaillent dans des mines d'or de Tanzanie, mettant en danger leur santé voire leur vie, a annoncé mercredi Human Rights Watch (HRW).

«Des milliers d'enfants travaillent en Tanzanie dans des mines d'or à petite échelle, agrées ou non», affirme l'ONG américaine dans ce texte de 96 pages, basé sur les visites de 11 sites miniers du pays.

Tandis que les garçons «creusent et forent dans des fosses profondes et instables», travaillant sous terre parfois 24 heures d'affilée, les filles sont «subissent des pressions pour qu'elles se prostituent» ou sont «victimes d'exploitation sexuelle», explique HRW.

Les enfants risquent d'être blessés ou tués dans l'effondrement des fosses ou par leurs outils. Les poussières qu'ils respirent et les lourdes charges qu'ils portent mettent en jeu leur santé, ainsi que l'empoisonnement au mercure, très toxique et employé pour séparer l'or du minerai, souligne HRW.

La Tanzanie est le quatrième producteur d'or d'Afrique. L'or, dont les exportations ont atteint 1,8 milliard de dollars au 1er semestre 2013, selon la Banque centrale, représente la première source de devise du pays.

Les mines à petite échelle ont extrait 1,6 tonnes d'or en 2012, d'une valeur d'environ 85 millions de dollars, dont le gros a été exporté aux Émirats arabes unis, ainsi qu'en Grande-Bretagne, en Chine, en Afrique du Sud et en Suisse, selon HRW qui cite le gouvernement tanzanien.

«Les accords internationaux auxquels la Tanzanie est partie stipulent que l'emploi d'enfants dans le dangereux secteur minier est l'une des pires formes de travail des enfants», poursuit HRW qui estime que «si la Tanzanie a de strictes lois prohibant le travail des enfants dans les mines, le gouvernement a fait bien trop peu pour les faire appliquer».

L'ONG appelle les inspecteurs du travail à «visiter régulièrement les mines agréées et celles opérant sans licences et faire en sorte que les employeurs faisant travailler des enfants soient sanctionnés».

«Il est de la responsabilité de l'industrie aurifère de s'assurer qu'elle ne profite pas directement ou indirectement du travail illégal des enfants», estime également HRW qui souligne que l'or passe souvent par de multiples intermédiaires avant d'être exporté.

L'ONG presse autorités et bailleurs de mettre en place des mesures pour lutter contre le travail des enfants, notant que le sujet est absent d'un projet de soutien par la Banque mondiale du secteur aurifère tanzanien, d'un montant de 55 millions de dollars.

Le Programme des Nations-Unies pour l'Environnement (Pnue), estimait en 2012 qu'entre 500 000 et 1,5 million de Tanzaniens travaillaient dans le secteur minier aurifère informel.