En information, la crédibilité vaut de l'or. Après un scandale d'espionnage qui a entaché la sienne, le groupe Bloomberg, spécialisé dans l'information financière, est déterminé à blanchir sa réputation en resserrant ses normes déontologiques.

L'entreprise doit également assurer à ses clients que le mur entre Bloomberg News, son agence de nouvelles, et Bloomberg Professional, sa division de services offerts aux professionnels des marchés financiers, est bel et bien étanche.

Rappelons les faits: le printemps dernier, on apprenait que des reporters de Bloomberg News avaient eu accès à des informations financières confidentielles en consultant les terminaux que Bloomberg Professional vend habituellement à ses clients pour la somme de 20 000$. Les reporters utilisaient ces terminaux pour recueillir des informations dans le cadre de leur travail journalistique.

Une enquête approfondie réalisée par un important cabinet d'avocats spécialisé en déontologie, en collaboration avec une firme spécialisée en réglementation dans le domaine de la finance, a révélé que cette pratique était courante dans la salle de rédaction de Bloomberg et qu'elle était tolérée en silence.

«De l'avis général, écrivent en substance les auteurs de l'enquête, les reporters croyaient que puisqu'ils avaient accès aux terminaux, ils pouvaient utiliser les informations qu'ils y trouvaient pour réaliser leurs reportages.»

Cela dit, l'enquête a révélé que sur 500 000 articles examinés, une dizaine seulement avaient été écrits à l'aide de renseignements confidentiels et qu'aucune information sensible n'avait été révélée. Au final, l'étude conclut que les politiques internes de Bloomberg répondaient grosso modo aux normes de déontologie en vigueur.

Une seconde étude, réalisée cette fois par un ancien ombudsman du New York Times, visait à étudier la dynamique entre les divisions "nouvelles" et "finance" de Bloomberg. Son auteur, Clark Hoyt, a émis plusieurs recommandations afin d'assurer une meilleure étanchéité entre les deux secteurs d'activité au sein de l'entreprise.

Bloomberg, qui avait déjà resserré ses règles déontologiques au lendemain du scandale, a pris les recommandations des deux rapports très au sérieux et adoptera un train de mesures afin de rétablir sa réputation et de rassurer sa clientèle quant à l'importance qu'elle accorde au respect des règles déontologiques les plus strictes.

La semaine dernière, le PDG de Bloomberg, Daniel Doctoroff, a fait son mea-culpa. Dans un communiqué, il a dit regretter de ne pas avoir été davantage proactif à propos de la protection des données personnelles de ses clients et plus vigilant en ce qui concerne les relations entre les différentes divisions de Bloomberg. «Cela dit, a-t-il ajouté, je suis fier de la manière dont notre société a répondu lorsque nous avons réalisé qu'il fallait changer des choses.»

Au total, une soixantaine de recommandations ont été soumises à Bloomberg, qui a déjà commencé à les implanter. L'agence s'est notamment engagée à ajouter plusieurs mécanismes de contrôle, dont l'embauche d'un responsable chargé de la sécurité des données des clients. Une personne de l'extérieur de Bloomberg sera nommée pour vérifier les contrôles de conformité de ces données.

Sans surprise, l'accès des journalistes aux fameux terminaux boursiers - et donc aux données des clients financiers de Bloomberg - sera limité. On offrira en outre une meilleure formation sur la protection des renseignements personnels aux employés. On nommera aussi une personne responsable des plaintes quant au traitement de l'information. Bref, on promet de faire le maximum pour qu'aucun doute ne persiste dans l'esprit des clients.

On peut consulter le rapport du cabinet d'avocats Hogan Lovells qui, avec les spécialistes de la firme financière Promontory, a passé en revue les pratiques et politiques de Bloomberg et émis une cinquantaine de recommandations.

www.bloomberg.com/reviews/files/2013/08/hogan-lovells-promontory-report.pdf