Ce devait être la pièce maîtresse que les observateurs de la scène économique et financière américaine auraient à se mettre sous la dent, cette semaine.

La publication du compte rendu de la réunion des 30 et 31 juillet du Comité de l'Open Market de la Réserve fédérale américaine (Fed) les aura, somme toute, laissés sur leur faim.

En cela, il n'y a pourtant rien d'anormal puisqu'il s'agit du procès-verbal d'une réunion à laquelle participaient une vingtaine de personnes aux opinions variées, dont 12 avaient droit de vote.

Le communiqué du 31 juillet avait déçu ceux qui étaient à la recherche d'indications sur le moment que la Fed avait retenu pour commencer à diminuer le rythme de ses achats mensuels d'obligations du Trésor (40 milliards US) et de titres adossés à des créances hypothécaires (45 milliards US).

À sa conférence de presse trimestrielle du 19 juin, le président Ben S. Bernanke avait évoqué la possibilité que la diminution des achats pourrait commencer dès septembre avec pour objectif de mettre fin complètement à cette troisième ronde de détente quantitative (DQ3), à la mi-2014. Le taux de chômage devrait alors se situer «dans le voisinage» de 7,0%. Le mois dernier, il se situait à 7,4%.

M. Bernanke avait bien pris soin de préciser que cette hypothèse n'était pas une feuille de route: ce sont plutôt les indicateurs économiques qui allaient la dicter. Il avait même évoqué la possibilité que la Fed augmente sa détente, si l'économie se détériorait de nouveau.

Or, dans le communiqué du 31 juillet, le Comité de l'Open Market dressait un portrait un peu plus pessimiste de l'économie et s'inquiétait même du fait que le taux d'inflation persistait sous la barre des 2%. Il ne reprenait pas, en outre, l'hypothèse évoquée par M. Bernanke.

Beaucoup y ont lu une indication que la diminution de la DQ3 allait être décalée de quelques mois, peut-être jusqu'en décembre.

Par la suite, plusieurs indicateurs économiques ont semblé montrer que l'économie américaine avait toujours du ressort, ce qui a relancé la spéculation d'une diminution de la DQ3 dès septembre et poussé à la hausse les taux obligataires à long terme et à la baisse les grands indices boursiers.

Dans les minutes qui ont précédé la publication du compte rendu, les indices boursiers étaient faiblement à la baisse. Après une plongée dans la foulée de la publication, ils ont remonté pour mieux rechuter. Cela laisse croire que les marchés retiennent l'hypothèse d'une diminution de la DQ3 dès septembre.

Force est de constater que les membres votants et non votants du Comité sont divisés sur la question de l'échéance de la DQ3. En revanche, ils font preuve d'un grand consensus sur la nécessité de garder le taux directeur dans une fourchette de 0 à 0,25%, au moins tant que le taux de chômage ne se sera pas stabilisé à 6,5%, sauf si les perspectives d'inflation à long terme excèdent 2,5%.

Les données de l'emploi de juillet vont certainement faire réfléchir les membres de la Fed. S'il est vrai que le taux de chômage a diminué de deux dixièmes, le nombre d'emplois salariés non agricoles créés a été plus faible que prévu, et celui des deux mois précédents a été révisé à la baisse.

En revanche, on a aussi appris hier que les transactions immobilières résidentielles sur le marché de la revente avaient bondi le mois dernier et atteint le niveau le plus élevé depuis 2009. C'est un indicateur très encourageant, compte tenu de la montée des taux hypothécaires en juin et en juillet.

Les paris sur le début du ralentissement de la DQ3 vont continuer encore jusqu'à la mi-septembre, quand la Fed se réunira de nouveau et publiera ses nouvelles prévisions économiques qui tiendront compte, cette fois-ci, des importantes révisions à la hausse de la croissance en 2012, annoncées le mois dernier par le Bureau of Economic Analysis.