La reprise tant attendue du marché américain de l'habitation a plusieurs effets bénéfiques sur l'économie américaine: elle stimule la croissance, l'emploi, la consommation, mais surtout, elle améliore les finances publiques.

En juillet, les ventes des détaillants ont augmenté de 0,2% par rapport à celles de juin, elles-mêmes en progression de 0,6% face à celles de mai. Mieux, si on exclut du total les ventes de voitures, d'essence et de matériaux de construction, la hausse du mois dernier s'élève à 0,5%.

Quand on sait que la consommation représente environ 70% de la taille de la première économie du monde, on ne peut que se réjouir de ces chiffres encourageants, même si l'expansion reste lente, somme toute.

L'augmentation des mises en chantier et des transactions sur le marché de la revente observée depuis le début de l'année améliore les résultats des endosseurs de prêts hypothécaires que sont Freddie Mac et autres Fannie Mae, renfloués et mis en tutelle par l'administration Bush fin 2008.

Résultat: ils versent des dividendes inattendus au Trésor public, si bien que le déficit budgétaire américain après 10 mois du présent exercice, qui prend fin le 30 septembre, est inférieur de 367 milliards à celui des 10 premiers mois de l'année budgétaire 2011-2012.

Pour la première fois depuis 2008-2009, le déficit sera inférieur à 1000 milliards et se situera sous la barre des 700 milliards. Cela reste une somme colossale qui correspond à un peu plus de 4% de la taille de l'économie américaine, mais elle se rapproche enfin d'un niveau jugé gérable. C'est d'ailleurs cette diminution du déficit qui a amené l'agence Standard & Poor's à faire passer de négative à stable la perspective de la note de crédit AA" de la dette américaine.

Ces chiffres, rendus publics lundi, risquent malheureusement d'avoir un effet pervers, selon beaucoup d'observateurs assidus de la politique américaine.

Ils vont aggraver l'acrimonie qui caractérise les travaux du Congrès, au moment où les élus amorceront d'importantes négociations sur le relèvement du plafond de la dette américaine, fixé à 16 700 milliards. Au rythme de dépenses actuel, cette somme sera atteinte dans les jours suivant la reprise des travaux, au lendemain de la fête du Travail.

Il s'agira du troisième affrontement entre républicains (majoritaires à la Chambre des représentants) et démocrates (majoritaires au Sénat) en moins d'un an, après ceux portant sur le mur budgétaire, en décembre dernier, et les coupes budgétaires automatiques de 104 milliards par année, en mars.

Le premier a été remporté par les démocrates qui ont pu obtenir certaines hausses d'impôt pour les plus nantis en échange de ponctions salariales accrues pour financer le filet de sécurité sociale. Le deuxième a été remporté par les républicains qui n'ont rien cédé.

Cette fois-ci, le président Barack Obama souhaite un relèvement inconditionnel du plafond, alors que les républicains exigent qu'il soit assorti de coupes sombres dans les programmes sociaux. L'aile radicale incarnée par le Tea Party veut que ces coupes soient suffisantes pour compromettre l'Obamacare, rare réalisation concrète du président.

L'aile modérée des républicains paraît coincée: si elle ne fait pas front avec les teapartistes, ceux-ci présenteront des candidats aux assemblées d'investiture des élus républicains sortants pour le scrutin de 2014. Si elle se radicalise trop, elle pourrait favoriser l'élection de démocrates modérés.

Tout cela est de nature à freiner la croissance et la réduction du déficit.