Bell, Rogers et Telus sont des entreprises «en santé» qui profitent de marges «saines» et craignent de voir Verizon les priver de leur oxygène, défend le vice-président exécutif de Telus, François Côté.

Comme ses concurrentes, Telus est en campagne afin d'inciter le gouvernement fédéral à modifier les règles du jeu de la prochaine enchère de fréquences, qui doit débuter le 17 septembre. Toutes y voient des brèches qui pourraient permettre à un géant étranger, particulièrement Verizon, de se lancer dans le marché canadien de façon "inéquitable".

«Ce qu'on ne veut pas, c'est être privé de notre oxygène, le spectre», résume M. Côté.

En fonction des règles actuelles, un nouvel entrant aux poches profondes, comme Verizon, pourrait se procurer jusqu'à 50% des fréquences d'excellente qualité mises à l'enchère. Il laisserait ainsi au moins un acteur canadien d'importance les mains vides. Ce pourrait être deux ou même trois au Québec, où Vidéotron compte elle aussi participer au processus.

Perception du public

La campagne de sensibilisation des trois grands acteurs canadiens se bute toutefois à un obstacle de taille: la perception du public voulant qu'ils profitent de marges de profit très élevées.

Un coup d'oeil aux résultats financiers de ces géants révèle en effet des marges bénéficiaires brutes d'environ 45% sur les services sans fil.

«On est des compagnies en santé et tant mieux, dit M. Côté. Je trouve ça plate de parler de feu Nortel, j'espère qu'on ne dira pas feu Research in Motion [BlackBerry] ou feu d'autre chose.»

Ce sont ces marges, entre autres, qui permettent à ces entreprises d'offrir des services mobiles «qui fonctionnent bien en campagne», justifie-t-il.

Si Telus devait se retrouver privée de nouveau spectre, elle a néanmoins un plan, assure-t-il. «Il faudrait réaménager notre réseau et mettre fin prématurément à certains services que nous supportons toujours, au détriment de certains clients.»