Bell n'a pas perdu espoir qu'Ottawa change les règles des enchères du spectre sans fil afin que les géants étrangers comme Verizon ne profitent pas des avantages octroyés aux nouveaux entrants. Des avantages qui ont «encore moins de sens au Québec qu'ailleurs au pays», selon Bell.

«Nous avons espoir que le gouvernement va conclure que Verizon devra concurrencer comme tout le monde. Nous voulons des enchères ouvertes à tous. Considérer Verizon comme un nouvel entrant n'a pas de bon sens. Verizon est quatre fois plus importante que toute l'industrie des télécoms au Canada réunie», a dit George Cope, président et chef de la direction de BCE (Bell), en entrevue éditoriale avec La Presse.

Verizon évalue la possibilité de profiter des prochaines enchères du spectre sans fil pour faire son entrée dans la téléphonie sans fil au Canada. Verizon et les autres conglomérats étrangers de télécoms intéressés pourraient bénéficier des avantages offerts aux nouveaux entrants pour stimuler la concurrence: miser sur deux blocs de spectre sur quatre dans chaque région (contre un seul bloc chacun pour Bell, Telus et Rogers); avoir accès aux réseaux sans fil du «Big 3» canadien des télécoms; et pouvoir acheter les nouveaux venus Wind Mobile et Mobilicity.

«Nous accueillons la concurrence, dit George Cope. Qu'ils viennent! Mais il faut que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde. Il n'y a aucune justification pour qu'une compagnie de la taille de Verizon obtienne des avantages sur les entreprises canadiennes. Verizon ne veut pas de telles règles aux États-Unis, mais elle est heureuse de les avoir au Canada.»

Selon George Cope, l'arrivée de Verizon comme nouvel entrant fait «encore moins de sens au Québec», qui compte quatre opérateurs sans fil avec leur propre réseau (Bell, Rogers, Telus et Vidéotron), alors que certaines régions du pays n'en ont que trois.

«Tout le monde sait à quel point la concurrence est intense entre nous au Québec! Les règles d'Ottawa ont encore moins de sens au Québec qu'ailleurs au pays. Ça ressemble à une politique publique basée sur la réalité torontoise qui va affecter tout le pays», dit M. Cope.

Une décision marquante pour les 25 prochaines années

Selon Bell, les règles prônées actuellement par Ottawa font en sorte que le gouvernement obtiendra moins d'argent pour son spectre de 700 MHz. «Les contribuables canadiens n'ont pas à subventionner Verizon, dit George Cope. Je ne comprends pas l'idée que Verizon ait besoin d'aide. Son budget de dépenses en capital est 14 fois plus grand que le nôtre.»

Bell dit avoir, dès mars 2012, sensibilisé Ottawa au fait que de grands conglomérats étrangers comme Verizon pourraient se qualifier comme nouvel entrant. «Un fonctionnaire senior à Ottawa nous a répondu que même si c'était techniquement exact, ça n'arrivera pas, que ce n'était pas l'intention des règles», dit George Cope, qui espère obtenir de nouvelles rencontres à Ottawa avant la date butoir du 17 septembre où les entreprises doivent déposer leurs offres pour le spectre de 700 MHz.

«Nous continuerons de demander d'être traités de façon équitable, dit-il. C'est le meilleur spectre sans fil jamais mis aux enchères à travers le monde. Il permettra d'améliorer la couverture en région et d'avoir un meilleur réseau dans les édifices des grandes villes. Ce qui va arriver va définir toute l'industrie pour les 25 prochaines années.»

Bell s'explique mal les intentions d'Ottawa de vouloir ajouter à tout prix de nouveaux opérateurs sans fil. «Les Canadiens ne paient pas plus cher que les Américains pour leur téléphone sans fil, dit George Cope. Par rapport aux pays de l'OCDE, nous avons des prix relativement concurrentiels et l'une des technologies les plus avancées à travers le monde. Quel problème essayons-nous de régler?»

Telus et Rogers appuient certaines demandes de Bell, tandis que Vidéotron fera connaître sa position en détail plus tard cette semaine.