Moins de 24 heures après le constat chagrin de la Réserve fédérale (Fed), selon lequel l'expansion américaine perd de son élan, de nouvelles données permettent d'espérer un certain redressement économique des deux côtés de l'Atlantique.

L'indice manufacturier ISM, qui mesure les intentions des décideurs d'achats américains, est passé de 50,9 points en juin à 55,4 en juillet. (La barre de 50 points est le point de bascule entre la croissance et la décroissance.)

Il s'agit du bond mensuel le plus fort depuis juillet 1995 qui reflète une amélioration généralisée puisqu'elle touche 13 des 18 segments manufacturiers recensés.

Mieux, la composante des nouvelles commandes passe de 51,9 à 58,3 points, tandis que celle de production bondit de 11,6 points, à 65.

Ce n'est pas tout, les demandes initiales d'assurance-chômage sont tombées la semaine dernière à 326 000, leur niveau le plus faible depuis janvier 2008. Pour mémoire, la grande récession américaine a officiellement commencé en décembre 2007 pour se terminer en juin 2009. Cela est de bon augure pour les chiffres de l'emploi et du chômage en juillet qui seront publiés ce matin. (Les chiffres canadiens paraîtront vendredi prochain seulement.)

Certes, toutes ces données sont très fluctuantes. Si le Congrès et la Maison-Blanche nous concoctent un nouveau psychodrame au sujet du relèvement du plafond de la dette à la rentrée, la morosité pourrait à nouveau s'emparer des entreprises, comme ce fut le cas au printemps quand sont entrées en vigueur les coupes budgétaires automatiques et aveugles qui commencent à peine à mordre dans la croissance.

Néanmoins, une amélioration de la confiance chez les fabricants dictée par des carnets de commandes mieux garnis a de quoi encourager. Surtout quand on s'attarde quelque peu sur les vecteurs de la croissance américaine au deuxième trimestre qui pointent vers une faiblesse de la production du secteur privé américain.

Pour les entreprises canadiennes, les données de l'ISM sont aussi une bonne nouvelle. La composante des importations a atteint 57,5 points, un sommet en trois ans. Plusieurs exportateurs canadiens sont des fournisseurs du secteur manufacturier américain.

L'indice canadien RBC PMI, le pendant américain de l'ISM, s'est aussi maintenu en territoire positif en juillet, bien qu'à 52 points seulement. Les composantes de la production, des nouvelles commandes, de l'emploi et du restockage étaient toutes en territoire positif, ce qui est de bon augure pour la production en usines au troisième trimestre.

Selon les données de l'enquête, les répondants se sont montrés encouragés par la dissipation de la grisaille eu Europe. Pour la première fois en plus de deux ans, le chômage a légèrement reculé dans la zone euro, en juin.

«Les indicateurs de confiance montrent une certaine amélioration et semblent confirmer les attentes d'une stabilisation de l'activité économique», a déclaré hier le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, au cours de la conférence de presse qui a suivi l'annonce de la reconduction du taux directeur de la BCE à son creux historique de 0,5%. Sans écarter que le taux puisse baisser, il a pris acte de l'expansion de la production manufacturière de la zone euro - pour la première fois en deux ans, le mois dernier - et de la progression de la confiance des entreprises pour un troisième mois d'affilée.

De l'autre côté de la mer du Nord, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a aussi reconduit hier le taux directeur à 0,5%. Surtout, la Banque n'a pas augmenté ses achats d'actifs financiers. Il faut dire que l'économie du Royaume-Uni prend du mieux depuis le printemps et que sa production manufacturière a augmenté plus que prévu le mois dernier. Son indice Markit IPS cotait 54,6 points, un sommet en 28 mois.

Et pour ceux qui craignent un effondrement de la production chinoise, celle-ci a légèrement progressé, de juin à juillet.

L'activité manufacturière en juillet

Canada: Indice RBC PMI: 52,0*

> États-Unis: Indice ISM: 55,4

> Royaume-Uni: Indice Markit IPS: 54,6

> Zone euro: Indice Markit: 50,3

> Chine: Indice Markit HSBC: 50,3

*La barre de 50 points est le point de bascule entre la croissance et la décroissance.