On a rendu la météo responsable de la faiblesse de la consommation durant l'hiver dernier qui s'est étiré même en avril. En mai, plus rien ne s'opposait encore à la fréquentation des magasins de toutes sortes, et des centres de jardinage en particulier.

Les Canadiens l'ont bien compris. Ils ont montré qu'ils restent encore un ingrédient essentiel de l'expansion économique, tandis que tarde toujours la croissance de l'investissement privé et des ventes de biens et de services à l'étranger.

Voilà qui explique en partie le rebond de 1,9% de la valeur et des ventes des détaillants d'avril à mai. Ce gain mensuel, le plus fort depuis mars 2010, selon Statistique Canada, a propulsé le chiffre d'affaires total des marchands au-delà des 40 milliards de dollars pour la première fois.

Les ventes des détaillants ont progressé dans toutes les provinces, celles des québécois y allant d'une jolie gambade de 3,1%. Sur une base annuelle, l'augmentation du chiffre d'affaires des détaillants du Québec atteint 4,5%. Elle dépasse désormais la moyenne canadienne de 3,6%. Cela devrait gonfler les recettes fiscales au chapitre de la taxe de vente.

Les concessionnaires de véhicules ont brassé de bonnes affaires avec une hausse de 4,3% de leurs ventes. Si on les exclut, les ventes au détail ont quand même progressé de 1,2%, ce qui est au moins deux fois la gageure médiane des prévisionnistes. En fait, seules les ventes des magasins d'appareils électroniques et ménagers, les bijouteries et les magasins de détail divers ont quelque peu reculé.

Les marchands de matériaux de construction et de jardinage ont enregistré une hausse de 3,7% de leur chiffre d'affaires qui représente leur gain annuel.

Les ventes de magasins de bière, de vins et de spiritueux ont progressé de 2,2% (mais de 2,0% seulement en un an), un phénomène que l'agence fédérale attribue au début tardif des séries éliminatoires de hockey.

Ce nouvel élan de la consommation de biens est salutaire à la poursuite de l'expansion qui ne peut reposer sur les gouvernements - qui bataillent pour contenir leurs dépenses -, ni sur le logement qui en avait été le moteur au début du présent cycle.

La consommation de biens et de services des ménages représente environ 57% de la taille de l'économie canadienne, comparativement à 70% de celle des États-Unis, champions sans conteste en la matière. Après deux mois au deuxième trimestre, les ventes des détaillants sont en hausse annualisée de 8,3% par rapport à celles du premier trimestre. On n'a que trop peu de données sur la consommation des services, sinon qu'elle est faible mais en constante augmentation de trimestre en trimestre.

Les bons chiffres des détaillants s'ajoutent à ceux des grossistes et des fabricants, si bien que la croissance réelle de l'économie a vraisemblablement atteint au moins 0,2% en mai, comparativement à 0,1% en avril.

Selon les calculs de Krishen Rangasamy, de la Banque Nationale, une contraction de 0,4% du produit intérieur brut réel en juin à cause des inondations à Calgary et de la grève de la construction au Québec donnerait une croissance trimestrielle annualisée aux environs de 1,5%. (Une telle contraction ne s'est toutefois pas produite depuis quatre ans, et les prévisionnistes misent plutôt sur un recul de 0,3%.)

Certes, 1,5%, c'est un point de pourcentage de moins qu'au premier trimestre. C'est néanmoins cinq dixièmes de plus que le scénario de la Banque du Canada publié la semaine dernière. C'est surtout beaucoup plus que la croissance attendue aux États-Unis.

Pourtant, depuis le début de l'année, la majorité des experts soutiennent que l'économie canadienne va moins bien faire que l'américaine cette année. Les données réelles leur servent jusqu'ici un solide démenti.