Vous entrez chez Rona pour acheter une tondeuse et pendant que vous vérifiez sur votre téléphone si le prix ne serait pas meilleur chez Home Depot, vous recevez un texto ou une alerte... de Home Depot. «Obtenez aujourd'hui 15% de rabais sur toutes nos tondeuses en montrant ce message à la caisse.»

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la majorité des Canadiens ne jugerait pas que cette stratégie marketing fictive (quoique techniquement possible) est une intrusion dans sa vie privée. Au contraire, 58% des consommateurs disent souhaiter recevoir ce type de communication, si l'on se fie aux résultats d'un sondage effectué par SAS/Léger.

Et si Rona leur envoyait une promotion sur un article complémentaire, disons un taille-bordure, près de 40% des répondants affirment qu'ils achèteraient les deux articles. La tactique fonctionnerait surtout auprès des femmes (44%, contre 31% des hommes) et des moins de 55 ans.

Les détaillants qui investissent dans des stratégies marketing du genre sont doublement gagnants, car elles augmentent la fidélité de leurs clients, soutient SAS, expert en analyse de données. Près de la moitié des consommateurs croient en effet qu'ils seraient plus enclins à retourner dans un magasin qui leur transmet des promotions personnalisées.

Si l'envoi de notifications "push" n'est pas encore monnaie courante au Québec, il en va autrement aux États-Unis où des entreprises comme LocalResponse se spécialisent dans le domaine. Il y a deux ans, pendant la saison de la grippe, sa plateforme technologique a permis à Walgreens de faire la promotion du vaccin contre ce virus à ceux qui entraient dans ses pharmacies et le mentionnaient sur FourSquare, Twitter ou Facebook.

Le but était de convaincre les clients d'acheter une dose sur-le-champ. Près de 70% des messages transmis ont été lus, a déjà affirmé le fondateur de LocalResponse, Nihal Mehta.

Au Québec, les magasins de vêtements pour jeunes filles Garage (Groupe Dynamite) sont parmi les plus dynamiques. Leurs clientes reçoivent régulièrement des offres par textos telles que celle-ci: "30% de rabais sur maillots sélect. " serviette de plage 5$ avec achat de 60$. Jusqu'à épuisement des stocks. Détails en mag.»

26 millions de téléphones intelligents

Loin d'être repoussés par les communications provenant des détaillants, 69% des Canadiens aiment les recommandations faites en fonction de leurs achats antérieurs, indique l'étude de SAS/Léger. Ce résultat n'étonnera personne puisque l'immense succès d'Amazon.com est en partie attribuable à cette stratégie copiée abondamment par ses concurrents.

«À une époque où l'information est essentielle pour assurer un marketing pertinent, les entreprises qui rassembleront les plus riches sources de données et les analyseront pour pouvoir agir rapidement bénéficieront d'un avantage concurrentiel durable», écrit Lori Bieda, directrice, Intelligence client, chez SAS Amérique.

Le sondage révèle par ailleurs que deux propriétaires de téléphone intelligent sur trois ont fait un achat sur leur appareil au cours de la dernière année. Ils se sont surtout procuré des applications et de la musique, mais aussi du café et de l'essence. À ce jour, plus de 26 millions de Canadiens posséderaient un iPhone ou un autre appareil du genre.

«On prévoit que d'ici 2014, le téléphone mobile aura supplanté l'ordinateur de bureau comme principal mode d'accès au web pour les consommateurs, ce qui signifie que ceux-ci auront en tout temps un portefeuille "mobile" et un accès au marché de détail dans la paume de leur main», conclut Lori Bieda.

Le sondage a été effectué en ligne auprès de 1506 Canadiens possédant un téléphone intelligent en mai. La marge d'erreur est de "/- 2,5%, 19 fois sur 20.