Le géant américain des télécommunications Verizon (VZ) a de nouveau confirmé jeudi son intérêt pour le marché de la téléphonie mobile au Canada, sujet de rumeurs depuis quelques semaines.

«Nous n'en sommes qu'à l'étude des possibilités», a toutefois tempéré le chef de la direction financière Fran Shammo, à l'occasion du dévoilement des résultats financiers du deuxième trimestre de Verizon.

À une question d'un analyste financier lui demandant si l'entreprise prévoyait simplement étendre son réseau au nord de la frontière pour offrir de meilleurs forfaits à ses clients américains en déplacement, se contenter de cibler le marché des entreprises ou encore jouer le tout pour le tout avec une offensive auprès des consommateurs canadiens, M. Shammo a répondu que toutes les options étaient sur la table.

«Environ 70% de la population du pays est entre Toronto et Québec, c'est à proximité des propriétés de Verizon Wireless», a noté M. Shammo. Verizon Wireless est propriété à 55% de Verizon, le reste étant entre les mains de la britannique Vodafone.

Trois portes d'entrée

M. Shammo a toutefois souligné que l'environnement réglementaire canadien en ce qui concerne les investisseurs étrangers pouvait constituer un frein.

Les rumeurs entourant l'arrivée de Verizon au Canada ont bondi à la fin de juin quand le quotidien The Globe and Mail a avancé que l'entreprise américaine avait fait une offre initiale de 700 millions de dollars pour Wind Mobile, un réseau canadien présent dans le sud de l'Ontario ainsi qu'à Edmonton, Calgary et Vancouver.

Verizon serait aussi en discussions avec un autre réseau indépendant canadien, Mobilicity. Le processus d'enchères, qui se terminera en janvier prochain, constitue sa troisième porte d'entrée possible, celle qui lui permettrait de s'étendre à l'échelle nationale, si telle était son intention.

Ces enchères «reflètent exactement ce que nous venons de lancer aux États-Unis dans la plage de fréquences à 700 MHz», a d'ailleurs noté M. Shammo.

Impact à déterminer

Il est encore difficile de déterminer l'impact que pourrait avoir l'arrivée de Verizon au Canada, d'autant plus que la stratégie exacte de l'entreprise est inconnue.

«Si Verizon devait mettre la main sur de jeunes entreprises du sans-fil au Canada, nous verrions cela comme une tentative de mieux pénétrer le marché canadien des entreprises, responsable de la majorité des factures d'itinérance entre les deux pays», écrivaient le 1er juillet dernier les analystes de Canaccord Genuity à leurs clients.

«Nous ne croyons pas qu'ils s'attaqueraient au marché des consommateurs, ce qui déstabiliserait le paysage concurrentiel actuel.»

Dans sa quête pour établir un quatrième acteur important dans chaque marché canadien, le gouvernement fédéral a déjà prévu des dispositions particulières pour les nouveaux entrants dans l'enchère du mois de janvier.

Ainsi, Verizon pourrait se procurer deux des quatre blocs de haute qualité mis en vente dans chaque marché, comparativement à un seul chacun pour Bell, Rogers et Telus. En agissant ainsi, au moins une des trois entreprises canadiennes se retrouverait les mains vides, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes.

La présence de Vidéotron au Québec pourrait rendre la situation encore plus tendue, avec l'assurance qu'au moins l'un des cinq acteurs en lutte serait délaissé.

Le deuxième trimestre de Verizon en bref

> Revenus: 29,8 milliards (+4,3%)

> Bénéfice net: 5,2 milliards (+21,3%)

> Abonnés sans fil: 100,1 millions (+6,3%)

Un petit nouveau format géant

Abonnés aux services sans fil:


> Verizon: 100,1 millions

> Rogers: 9,4 millions

> Bell: 7,7 millions

> Telus: 7,7 millions

Revenus annuels totaux du conglomérat:

> Verizon: 115,8 milliards

> Bell: 20,0 milliards

> Rogers: 12,5 milliards

> Telus: 10,9 milliards