Prison avec sursis: le verdict est tombé mercredi pour un ex-PDG d'Olympus et deux autres anciens dirigeants de cette firme nippone d'appareils photo et endoscopes dont ils avaient savamment manipulé les comptes durant des années.

Tsuyoshi Kikukawa et ses deux acolytes ont été jugés coupables de malversations ayant permis de dissimuler d'importantes pertes financières à partir du début des années 1990.

Le scandale avait éclaté fin 2011 après les révélations d'un patron étranger de la firme.

Le procureur avait requis en mars cinq ans de prison ferme contre M. Kikukawa, ex-figure d'Olympus accusée d'avoir joué un rôle central dans le maquillage des comptes du groupe.

«Le montant énorme (des dissimulations) est inédit. Cela a sapé la confiance nationale et internationale dans le marché» japonais, avait signifié le magistrat.

Finalement, le septuagénaire Kikukawa s'en tire avec 3 ans de prison avec sursis assortis d'une période de probation de 5 ans.

Ses deux complices, le directeur général adjoint Hisashi Mori et le contrôleur de gestion Hideo Yamada, écopent quant à eux respectivement de 2,5 ans et 3 ans d'emprisonnement avec sursis accompagnés d'une mise à l'épreuve de 4 et 5 ans.

Les accusés avaient plaidé coupables et présenté leur défense en avril.

Les réactions au verdict n'ont pas tardé sur internet, tant l'affaire avait déchaîné les médias et écoeuré  les citoyens.

L'ex-PDG du portail internet Livedoor, Takafumi Horie, fraîchement sorti de prison pour avoir truqué les comptes de sa boîte, est apparu dégoûté: «quoi, du sursis?», a-t-il lancé sur Twitter.

Plusieurs ont embrayé pour dénoncer une justice à deux vitesses en comparant les deux affaires, les sommes en jeux étant bien plus importantes dans le cas d'Olympus dont l'action a été maintenue en Bourse tandis que celle de Livedoor a été radiée.

À l'inverse, d'autres jugent que M. Kikukawa et ses deux proches collaborateurs n'ont après tout pas à payer pour les dizaines d'administrateurs et commissaires aux comptes qui ont durant des lustres plus ou moins sciemment fermé les yeux sur les arrangements comptables.

Le groupe a pour sa part été condamné mercredi par ce même tribunal à une amende de 700 millions de yens (7,5 millions de dollars), contre 1 milliard de yens requis. Olympus avait déjà dû s'acquitter d'une sanction de 191,82 millions de yens décidée en juillet 2012 par l'Agence des services financiers.

L'affaire Olympus avait débuté mi-octobre 2011 avec le renvoi manu militari du PDG britannique Michaël Woodford, officiellement limogé six mois après sa nomination en raison de «méthodes de travail inadaptées». La réalité était cependant différente.

Au grand dam des autres membres du conseil d'administration, le premier «gaijin» (étranger) à la tête de cette entreprise avait en fait découvert le pot aux roses: des camouflages insidieusement entretenus de pertes de plus de 130 milliards de yens (plus d'un milliard d'euros) issus d'investissements qui ont viré au fiasco après l'éclatement de la bulle financière de la fin des années 1980.

En rompant la loi du silence, M. Woodford a provoqué l'un des plus importants scandales de dissimulation de déficit de ces dernières années et jeté une ombre sur l'ensemble de la sphère patronale nippone.

Depuis, Olympus a poursuivi 19 de ses anciens administrateurs, changé l'ensemble de son conseil d'administration, accueilli le groupe compatriote Sony comme premier actionnaire, revu ses méthodes de gouvernance et fait du tri dans ses activités pour recouvrer sa crédibilité et une situation financière saine.

Ses comptes sont désormais revenus dans le vert et l'action a récemment été retirée de la liste de «mise sous alerte» de la Bourse de Tokyo. Elle a certes fini la journée de mercredi en repli de 1% à 3165 yens, mais ce niveau est supérieur de 27,5% à celui constaté la veille de l'éclatement du scandale, preuve que les actionnaires refont confiance à cette société qui contrôle rien de moins que 70% du marché mondial des endoscopes.