Un dirigeant de la firme d'ingénierie Dessau croit que la compagnie pourrait s'effondrer d'ici quelques jours à peine si elle ne peut décrocher de nouveaux contrats.

Dans une lettre ouverte que Frédéric Sauriol a expédié à la première ministre Pauline Marois, il écrit que des milliers d'emplois sont en jeu. La compagnie ne pourra verser les salaires de ses 5000 employés et déjà, plus d'une centaine d'employés ont perdu leur travail en moins d'une semaine.

Dessau a été exclue des marchés publics pour cinq ans. Jeudi dernier, l'Autorité des marchés financiers (AMF) l'a écartée, ainsi que la société Verreault, des appels d'offres publics à cause d'un avis défavorable de l'Unité permanente anticorruption (UPAC).

Frédéric Sauriol, qui est vice-président du secteur institutionnel de Dessau, est aussi le cousin des ex-dirigeants Rosaire et Jean-Pierre Sauriol qui ont démissionné dans la foulée des révélations embarrassantes à la commission Charbonneau.

Les contrats publics comptent pour 75% des activités de Dessau.

Frédéric Sauriol écrit à Mme Marois que la Loi 1 de son gouvernement, quoique bonne en principe, va trop loin car dans le cas de Dessau, le remède emportera le malade.

M.Sauriol estime que ses cousins ont été victimes des trop grandes responsabilités que leur père, le fondateur de Dessau, leur a léguées et qui comportaient certaines pratiques inacceptables d'une époque désormais révolue.



Plus de mises à pied si la réhabilitation tarde trop 


Dessau espère pouvoir accélérer le processus devant mener à sa réhabilitation afin de pouvoir recommencer à soumissionner sur des contrats publics, sans quoi le rythme de mises à pied sera soutenu.

En entrevue avec La Presse Canadienne, jeudi, la vice-présidente principale et chef de l'exploitation chez Dessau, Isabelle Jodoin, a prédit que l'entreprise se retrouvera en «situation critique» si elle doit attendre 90 jours avant de refaire une demande de réhabilitation.

Dessau a mis 80 employés à pied depuis son inscription au Registre des entreprises non admissibles aux contrats publics (RENA), le 20 juin dernier, et Mme Jodoin a indiqué que la réduction de personnel se poursuivra au rythme de 80 à 100 mises à pied, peut-être même davantage, sur une base hebdomadaire si l'entreprise n'obtient pas de nouveaux contrats.

Mme Jodoin a toutefois refusé de parler d'une possible faillite si le délai de 90 jours est respecté intégralement, indiquant que l'entreprise «ne veut pas regarder ce scénario», mais elle a reconnu que l'inquiétude était déjà palpable au sein des employés, des fournisseurs, des clients et des institutions financières qui font affaire avec Dessau.

Bien que la loi permette à Dessau de poursuivre les contrats déjà amorcés - quoique sous haute surveillance -, Mme Jodoin a expliqué que les employés qui se consacrent à préparer des soumissions publiques doivent graduellement être remerciés et qu'ils seront suivis par ceux qui réalisent les études, ceux qui oeuvrent sur des petits contrats lorsque ceux-ci sont terminés et ainsi de suite.

La direction de Dessau estime le délai d'exclusion de cinq ans beaucoup trop long et dit collaborer sans réserve avec l'AMF afin d'accélérer ce processus. Mme Jodoin soutient que de multiples mesures ont été mises en place afin non seulement d'écarter les personnes douteuses, mais aussi de revoir en profondeur l'ensemble des pratiques d'affaires, de gestion et de gouvernance.