L'économie américaine a finalement progressé à un rythme beaucoup plus lent que prévu au premier trimestre, selon la dernière estimation du gouvernement publiée mercredi, dont la forte révision en baisse est imputée à une consommation moins dynamique qu'espéré.

Le Produit intérieur brut des États-Unis a augmenté de 1,8% au premier trimestre en rythme annualisé, selon la troisième et dernière estimation du gouvernement qui - fait rare, selon les analystes - a été fortement révisée en baisse, amputant de 0,6 point son estimation précédente (2,4%).

«Bon, c'était certainement inattendu et, je crois, rare», admettait Jennifer Lee, de BMO.

«Ces révisions sont d'habitude sans conséquence, pas celle-là», a commenté Chris Low, de FTN Financial.

Les chiffres du département du Commerce montrent en effet que la consommation des Américains n'a pas été aussi dynamique qu'anticipé.

Elle n'est plus en hausse que de 2,6% au lieu de 3,4% pour la précédente estimation. La consommation représente deux tiers de l'activité économique aux États-Unis.

Les dépenses des consommateurs ont été moins fortes que prévu surtout dans les services, et notamment les services de santé.

D'autres révisions en baisse ont touché l'investissement non-résidentiel, de même que les exportations et les importations.

Paradoxalement, cette annonce que l'économie américaine a commencé l'année à un rythme plus lent que prévu a été accueillie comme une bonne nouvelle par les marchés, la bourse de Wall Street ouvrant en hausse à la suite de la publication de l'indicateur.

«Certains sur les marchés pensent que ce chiffre décevant va retarder la réduction par la Réserve fédérale des achats d'actifs», notait Harm Bandholz, d'UniCredit.

Ben Bernanke, président de la Fed, a indiqué mercredi dernier que la banque centrale américaine pourrait dès cette année réduire ses injections de liquidités dans le circuit financier si l'économie se reprenait bien. Les marchés craignant que ces mesures de soutien se réduisent, les indices boursiers ont été ébranlés toute la semaine dernière.

La Fed dépense en effet 85 milliards de dollars par mois depuis le début de l'année en bons du Trésor notamment pour peser à la baisse sur les taux d'intérêt et favoriser la croissance.

Pour Paul Edelstein, économiste en chez IHS, il est vrai que «la question est maintenant de savoir comment la Fed va interpréter ces chiffres». Selon lui, ce dégonflement de la consommation, qui demeure toutefois au rythme soutenu de 2,6%, doit «être vu comme une conséquence des hausses d'impôts».

«Si c'est cela, la Fed va peut-être décider d'attendre l'année prochaine avant de réduire ses achats de bons du Trésor», ajoute cet économiste.

Le revenu disponible des Américains, ponctionné par la hausse des cotisations sociales mise en place en début d'année, a chuté encore plus fortement que prévu ce premier trimestre (-8,6% contre -8,4% précédemment estimé).

Pour ces seuls trois premiers mois, le PIB est en outre privé de près d'un point de croissance par la contraction des dépenses fédérales (-8,7% soit -0,68 point de croissance) et de celles des États et collectivités locales (-2,1%, -0,25 point de croissance).

Mais ces chiffres du premier trimestre sont déjà du passé, notaient certains analystes, alors que le deuxième trimestre s'achève et que de bons indices ces derniers mois ont montré un rebond du moral des ménages et une vivacité du marché immobilier.

Toutefois, la plupart des économistes prévoient encore une croissance du PIB pour l'ensemble de 2013 sous la barre ou autour de 2%. Bien en deçà de l'optimisme de la Réserve fédérale qui table sur une hausse du PIB entre 2,3% et 2,6%.