Malgré la situation difficile dans laquelle l'a placé son rival Sony lundi, en ouverture de l'Electronic Entertainment Expo (E3), le vice-président-directeur au marketing et à la stratégie pour Xbox de Microsoft, Yusuf Mehdi, continue de croire que son plan est le bon.

En l'espace de 15 minutes, lundi soir, Microsoft a reçu deux gros uppercuts au menton de son rival dans la guerre des consoles, Sony.

L'entreprise japonaise a d'abord annoncé qu'elle n'imposerait aucune limite sur le transfert de jeux d'occasion et que sa console n'aurait pas besoin d'être reliée à l'internet. Puis, que sa console coûterait 100$ de moins que la Xbox One.

Du coup, presque tous les médias, analystes et amateurs ont déclaré Sony gagnante.

Rencontré par La Presse le lendemain, M. Mehdi ne semblait pas démonté.

«La distribution des jeux devient numérique. Les jeux sur votre téléphone intelligent ont été téléchargés, ils ne venaient pas sur un disque. Ces jeux ne peuvent être revendus, et vous ne pouvez pas les prêter. C'est ce vers quoi l'industrie du jeu s'en va.

«Nous voulons que ça se produise aussi sur les consoles, parce que nous croyons qu'il y a des avantages.

«L'un de ceux-ci est que vous pourrez accéder à la totalité de votre collection de jeux, peu importe où vous vous trouvez, depuis n'importe quelle console. Pas besoin de trimbaler vos disques en vacances. Et s'ils deviennent abîmés ou brisés, pas de problème.»

Quant au prix, M. Mehdi juge que les consommateurs en obtiendront plus avec la Xbox One: capacité d'utiliser le nuage pour certaines fonctions du jeu, reconnaissance vocale et gestuelle avec la Kinect, contrôle de la télévision en direct, Skype et titres exclusifs.

Sony triomphe

Du côté de Sony, le président de Sony Worldwide Studios, Shu Yoshida, a accepté de lever quelque peu le voile sur le processus qui a mené aux décisions annoncées lundi.

D'abord, a-t-il expliqué, le prix annoncé de 399$ était celui visé depuis le début. «Tout a été pensé en conséquence», a-t-il expliqué.

Et pourquoi avoir choisi ce prix? «Nous nous souvenons du lancement de la PlayStation 3...», rappelle-t-il, sourire en coin.

Alors que Microsoft vendait justement sa Xbox 360 pour 399$, Sony exigeait 499$ pour sa console (559$ au Canada). Ce prix élevé avait handicapé la console dans ses premiers mois d'existence.

Quant aux jeux d'occasion, M. Yoshida affirme qu'il n'a jamais été question pour Sony de tenter de contrôler leur distribution.

«On n'a pas développé notre politique en réponse à celle [de Microsoft]. Ce genre de choses prend du temps.»

En fait, a indiqué M. Yoshida, la question n'avait tellement pas effleuré l'esprit du personnel chez Sony qu'elle n'avait même pas été abordée. Ce n'est qu'après avoir reçu des centaines de commentaires d'amateurs qui le suppliaient de ne pas imiter Microsoft qu'on s'est aperçu qu'il fallait en parler.

«Ces éléments ont été ajoutés récemment à notre présentation de lundi, soit après l'annonce de Microsoft en mai.»