L'ampleur des politiques monétaires de soutien parmi les principales banques centrales demeure nécessaire pour poursuivre la «réparation de l'économie et du système financier», estime Jean-Claude Trichet, ex-président de la Banque centrale européenne (BCE).

Invité de marque à la Conférence de Montréal, hier, celui qui a piloté la BCE durant la crise de la dette publique qui a presque déchiré la zone euro et sa jeune monnaie commune, il y a deux ans, a aussi tenu à défendre les politiques d'austérité qui ont été imposées à certains pays lourdement déficitaires.

Cette austérité budgétaire a été particulièrement sévère en Grèce et en Espagne. Elle a été critiquée récemment pour ses résultats mitigés par le Fonds monétaire international (FMI).

Selon M. Trichet, ces pays «n'avaient plus le choix» au lendemain de la plus grave crise financière en un demi-siècle. «Ils se sont fait dire par les autres pays de la zone euro et les marchés financiers qu'ils ne pouvaient plus financer leur déficit comme avant. Par conséquent, plutôt que de parler d'austérité, je préfère appeler ça une phase obligée de retour ordonné à l'équilibre budgétaire», a-t-il expliqué lors d'un point de presse, après une séance en table ronde à la Conférence de Montréal.

Durant cette séance, d'ailleurs, après avoir vanté la résilience de la zone euro durant la récente crise, en dépit des «euro-sceptiques», l'ex-président de la BCE a admis que des problèmes majeurs restaient à solutionner outre-Atlantique.

Taux de chômage «inacceptable»

Entre autres, le taux de chômage dans certains pays de la zone, particulièrement parmi leurs jeunes, est rendu à des niveaux «que nous ne pouvons pas accepter».

À propos des faiblesses de gouvernance de la zone euro, manifestes au pire de la crise des dettes publiques et de risque accru chez les grandes banques d'Europe, Jean-Claude Trichet a admis hier que «beaucoup de travail reste à faire pour renforcer cette fédération fiscale et économique».

Quant à l'ampleur des politiques monétaires d'expansion maintenues par les banques centrales, M. Trichet les a qualifiées d'encore «très ambitieuses» quelques années après la pire crise financière en plus d'un demi-siècle.

«Ce que font les banques centrales des États-Unis, d'Europe et du Japon demeure d'une ampleur sans précédent. Mais c'est aussi un indice d'une crise qui nécessite encore des réparations dans le système financier et dans l'économie mondiale», a indiqué celui qui agit comme gouverneur honoraire de la Banque de France après son mandat tumultueux à la BCE.

Questionné sur la suffisance des normes plus sévères imposées aux banques, notamment en matière de capitalisation, M. Trichet a répondu par une mise en contexte plus politique de l'après-crise financière de 2008.

«Un risque financier considérable a été transféré aux contribuables lors de la crise financière, afin d'éviter l'écroulement du système bancaire. Or, une autre de cette ampleur serait inacceptable aujourd'hui dans nos démocraties. C'est pourquoi les banques doivent être forcées de se solidifier.»