L'Europe a beau être retombée en récession, l'expansion nord-américaine a beau se révéler bien moins convaincante qu'au cours des cycles précédents, il n'en demeure pas moins que les économies émergentes d'Amérique du Sud, d'Asie et même d'Afrique se tirent assez bien d'affaire et entendent surtout participer de plain-pied à l'essor de l'économie mondialisée.

Il en sera évidemment question à la 19e Conférence de Montréal, qui commence ses travaux ce matin.

Sur le thème «Un nouveau cycle économique: nouvelles réalités, nouvelles possibilités», les quelque 3000 participants inscrits pourront, comme chaque année, entendre les réflexions actualisées de grands décideurs de la scène macroéconomique mondiale, de dirigeants de firmes multinationales et d'économistes rattachés à des institutions de premier plan.

Conférenciers de premier plan

Ainsi, demain, le président de la Banque mondiale, Jim Yong King, prononcera sa première conférence au Canada. La veille, le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques et un habitué de la Conférence, Angel Gurria, se prêtera à un exercice de questions et réponses.

Et le mercredi ne sera pas en reste avec l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qu'il sera intéressant d'entendre à propos de rigueur budgétaire et monétaire...

Des conférenciers de premier plan feront ressortir les progrès des économies de l'Amérique latine et de l'Asie, tandis que d'autres voudront faire la promotion de l'Afrique ou de l'investissement islamique.

Des thématiques plus sectorielles seront aussi approfondies, comme la crise des régimes de retraite, l'avenir du supercycle des matières premières ou l'empreinte environnementale du développement.

De ce choc d'idées jailliront peut-être des pistes de sortie de crise définitives. On a un peu l'impression que les décideurs avancent à tâtons, tant la conjoncture actuelle recèle d'inédit.

«Lors d'événements organisés à Toronto et à West Palm Beach, des conférenciers se sont montrés optimistes sur l'Europe, mais après il y a eu la crise à Chypre, explique Nicholas Rémillard, président et chef de la direction du Forum économique international des Amériques qui organise la Conférence. Qui aurait pu prédire, il y a quelques années, que les États-Unis se dirigeraient aussi rapidement vers l'autosuffisance énergétique?»

Ses propos ne sont pas sans rappeler ceux du nouveau gouverneur de la Banque du Canada. La semaine dernière devant un comité de la Chambre des communes, Stephen Poloz a fait ressortir que le Canada aussi cherche à y voir plus clair: «La récession a entraîné un changement structurel notable au sein de l'économie canadienne. Le niveau de capacité de production de notre pays - autrement dit, le potentiel de production - a chuté, comme la Banque l'a fait remarquer en avril 2009. Les modèles macroéconomiques standards ne rendent pas vraiment compte de cette dynamique.»

Quatre pistes pour relancer la croissance

Pour tenter d'y jeter un peu de lumière, la Conférence a demandé à la firme CROP de sonder des participants réguliers de la Conférence en leur demandant ce qu'il fallait faire pour relancer la croissance.

Quatre pistes ont été dégagées, chacune pouvant toutefois être déclinée de bien des façons: s'attaquer à la structure fiscale, promouvoir l'entrepreneuriat et l'innovation, redresser à moyen terme les finances publiques et réduire la spéculation financière et immobilière.

Ces pistes seront évidemment abordées par les conférenciers et panélistes, mais aussi sans doute par les participants eux-mêmes au cours de leurs multiples rencontres et prises de contact.

«Nous avons organisé environ 200 rencontres bilatérales dont nous ne sommes pas témoins, précise M. Rémillard. Nous osons penser que la Conférence est un excellent lieu de maillage.»

C'est, à coup sûr, le point de vue de ceux qui s'inscrivent année après année, car les billets ne sont pas à la portée de toutes les bourses.

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LA CONFÉRENCE DE MONTRÉAL EN CHIFFRES

- Plus de 150 conférenciers

- 200 rencontres bilatérales et multilatérales

- 3000 participants payants