L'économie canadienne est sortie de son hibernation le mois dernier et a créé un impressionnant total de 95 000 nouveaux emplois - dont la vaste majorité à temps plein - ce qui constitue sa meilleure performance mensuelle à ce chapitre en plus de 10 ans.

Le gain du mois de mai était la première progression importante du secteur de l'emploi pour 2013 et celle-ci s'est avérée largement supérieure à ce qu'avaient prévu les économistes. Le taux de chômage a par ailleurs cédé un dixième de point à 7,1 %.

La baisse du taux de chômage aurait pu être plus notable si ce n'avait été d'une forte augmentation du nombre de Canadiens à la recherche d'un emploi.

Mais il n'y a pas grand-chose de mauvais dans le rapport de Statistique Canada pour le mois de mai, qui note du positif à presque tous les égards.

Les données ont été si étonnantes que certains économistes, ainsi que le premier ministre Stephen Harper, ont rappelé que les chiffres dévoilés chaque mois par Statistique Canada étaient souvent assujettis à d'importantes marges d'erreur.

«De toute évidence, nous ne voulons pas porter une trop grande attention à ce qui se passe d'un mois à l'autre, parce que nous savons que c'est très volatil, mais l'économie canadienne est maintenant rendue à une création nette d'environ un million d'emplois depuis la récession», a-t-il déclaré lors d'une séance de photographie à Ottawa.

«Nous savions bien sûr que c'est l'un des meilleurs résultats dans le monde développé.»

L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, a fait remarquer que la hausse de mai était la deuxième plus grande en 35 ans - seule une croissance de 95 100 en août 2002 a été plus importante en données nominales.

«Il n'y a aucun doute que ce rapport est absolument spectaculaire», a-t-il affirmé. «Même certains détails sont incroyables (...) alors on ne dirait pas que c'est une observation complètement aberrante.»

«Mais j'ajouterais quelques notes de prudence. Je doute sincèrement que nous revoyions quelque chose qui se rapprochera de ça dans les mois à venir, et l'autre chose, c'est que cela survient après une vraie période de faiblesse.»

Le marché de l'emploi canadien a connu des difficultés en 2013, les quatre premiers mois s'étant soldés par une perte nette de 13 000 emplois attribuable à la faiblesse de l'économie pendant la deuxième moitié de l'an dernier.

Les jeunes en profitent

Mais en tenant compte des chiffres pour le mois de mai, la situation semble maintenant plus conforme à celle d'une économie qui croît à un rythme modéré. Au cours des 12 derniers mois, le Canada a engendré environ 250 000 nouveaux emplois et a vu le nombre d'heures travaillées progresser de 1,1 %.

Tous les nouveaux emplois émanent du secteur privé et se trouvent dans la catégorie des employés - par rapport à celle des travailleurs autonomes - et 76 700 d'entre eux étaient des emplois à temps plein.

Même les jeunes Canadiens ont eu plus de facilité à trouver un emploi en mai, avec environ 54 000 nouveaux travailleurs dans le groupe d'âge de 15 à 24 ans. Cela a fait reculer le taux de chômage des jeunes à 13,6 %, soit près d'un plein point de pourcentage de moins qu'au mois précédent.

Des économistes ont noté que Statistique Canada avait averti qu'une large marge d'erreur existait pour son enquête sur la population active. Celle-ci est de plus ou moins environ 27 000 emplois, deux fois sur trois.

Des analystes ont indiqué que la moyenne mobile sur trois et six mois permettait d'atténuer la volatilité mensuelle. D'après ces mesures, le Canada a créé entre 18 000 et 19 000 emplois par mois respectivement, ce qui témoigne d'une économie qui croît à environ 2 %, ou légèrement en dessous.

«Ce sont des rythmes décents, mais qui ne génèrent pas d'enthousiasme aussi important quant à l'embauche, comme les estimations mensuelles le laissent croire», a affirmé l'économiste Jimmy Jean, de Desjardins Marché des capitaux. «Avec un taux de chômage de 7,1 %, nous pouvons au moins conclure que l'emploi va bien au Canada.»

C'est certainement meilleur qu'aux États-Unis, où seulement 175 000 emplois ont été créés le mois dernier. Compte tenu de la différence de taille des populations des deux pays, les États-Unis auraient dû créer un million de nouveaux emplois en mai pour imiter le Canada.

Des gains au Québec

L'emploi a progressé dans la plupart des provinces, la part du lion étant allée à l'Ontario, qui a gagné 50 600 travailleurs. Quelque 18 600 emplois ont été créés en Alberta et 20 100 autres au Québec.

À l'occasion d'une conférence de presse à Montréal, la première ministre du Québec, Pauline Marois, s'est félicitée des statistiques sur l'emploi, en s'en donnant un peu le crédit.

«Je suis particulièrement fière de mentionner qu'entre septembre 2012 et avril 2013, il s'est créé en moyenne 79 800 emplois au Québec. Le gouvernement a contribué à la création de ces emplois, surtout en favorisant des investissements, soit par un appui direct, soit par des mesures fiscales attrayantes, ou soit en créant un climat d'intégrité et de rigueur qui donne confiance aux investisseurs», a-t-elle commenté.

L'emploi a fortement progressé dans le secteur de la construction le mois dernier - avec un gain d'environ 43 000 - tandis que le secteur du commerce de détail et de gros a accueilli 27 000 nouveaux travailleurs. L'emploi dans les «autres services », comme les services de réparation et d'entretien ou les services aux ménages privés, a connu une hausse de 22 000 en mai, tandis que le nombre de travailleurs dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien a augmenté de 21 000.

Cependant, le secteur de la fabrication a fait figure de mouton noir. L'agence fédérale a indiqué que ce groupe avait perdu 14 200 travailleurs en mai par rapport au mois précédent, ce qui porte le nombre total d'emplois perdus dans ce secteur à près de 100 000 pour la dernière année.