Le marché canadien de l'habitation continue de confondre les sceptiques en témoignant d'une résilience étonnante face à des forces qui menacent de le faire redescendre sur Terre.

La valeur des permis de bâtir a fait un bond de 10,5 pour cent en avril - grimpant même de 21 pour cent dans le secteur résidentiel - une surprise pour les économistes qui avaient prédit un recul de trois pour cent.

Mais des analystes ont fait valoir que les permis ne signalaient qu'une intention et ne menaient pas toujours à des mises en chantier, admettant néanmoins que les chiffres dévoilés mercredi par Statistique Canada étaient étonnants.

Il s'agit de la quatrième hausse consécutive en autant de mois après le déclin amorcé à l'automne 2012.

De manière générale, les ventes et les mises en chantier ont chuté à travers le pays depuis l'été dernier, lorsque le gouvernement fédéral a resserré les règles sur les prêts hypothécaires afin de ralentir un marché immobilier considéré comme en surchauffe. Les prix sont cependant restés stables.

Une analyse effectuée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) place le Canada aux côtés de la Norvège, de la Nouvelle-Zélande et de la Suède dans la liste des pays se trouvant dans une zone dangereuse où les maisons semblent surévaluées et les prix continuent de grimper.

L'économiste en chef adjoint de la CIBC, Benjamin Tal, affirme ne pas être convaincu que le marché immobilier canadien se prépare à rebondir et assure que la plupart des indicateurs prédisent plutôt une baisse.

«Il y a une grande différence entre les permis et la volonté de commencer les travaux si les ventes sont difficiles, surtout sur un marché qui connaît de fortes hausses», explique-t-il. Cependant, si les intentions de construction augmentent aussi au cours des prochains mois, M. Tal croit qu'il faudra revoir la manière d'envisager la situation parce que le marché canadien n'est pas supposé prendre cette direction.

Les augmentations de permis en avril ont touché plusieurs secteurs.

Les intentions de construction pour les condominiums, vu comme l'un des secteurs les plus susceptibles de subir un déclin, ont grimpé de 51,9 pour cent en avril, principalement au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Les permis pour les maisons unifamiliales ont reculé de 1,1 pour cent.

Tous les gains en matière d'intentions de construction sont survenus du côté résidentiel, où la valeur des permis a augmenté de 21 pour cent pour atteindre 4,4 milliards de dollars.

La valeur des permis de bâtir dans le secteur non résidentiel a chuté de 3,6 pour cent pour s'établir à 2,6 milliards. À sept milliards, la valeur totale des permis en avril demeure toutefois en-dessous du record enregistré en 2012.