La Banque d'Angleterre devrait maintenir une nouvelle fois le statu quo jeudi lors de la dernière réunion de son gouverneur Mervyn King et attendre l'arrivée de son successeur Mark Carney pour dégainer de nouvelles mesures destinées à aider une économie fragile.

Selon la plupart des analystes, le comité de politique monétaire de la banque centrale britannique devrait laisser le montant total de son programme de rachats d'actifs inchangé à 375 milliards de livres sterling (environ 439 milliards d'euros) et conserver son taux directeur à 0,50%, niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009.

Mervyn King, à la tête de l'«Old Lady of Threadneedle Street» depuis 2003, n'aura donc pas droit à son «cadeau d'adieu», note Martin Beck de Capital Economics.

Lors des quatre dernières réunions de la Banque d'Angleterre, le gouverneur a en effet voté, avec deux autres membres du comité, en faveur de l'injection d'une nouvelle tranche de 25 milliards de livres du programme de rachats d'actifs de la banque centrale, lancé en mars 2009 afin d'aider une économie britannique alors en profonde récession.

Mais la majorité du comité juge que la politique monétaire est déjà «exceptionnellement accommodante», ont révélé les minutes de la dernière réunion, et «aucune indication» ne montre «qu'un changement d'opinion soit imminent», ajoute l'analyste de Capital Economics.

D'autant plus que l'économie britannique est parvenue à éviter sa troisième récession depuis le début de la crise de 2008 en retrouvant la croissance au premier trimestre.

Pour l'ensemble des observateurs, «la question la plus pertinente est de savoir si l'arrivée de Mark Carney dans le siège du gouverneur en juillet va mettre fin à cette mise à l'arrêt» des mesures de soutien, souligne Martin Beck.

Choisi en novembre par le gouvernement britannique, le Canadien était depuis 2008 à la tête de la Banque du Canada.

Pour Howard Archer d'IHS Global Insight, «la reprise de l'économie britannique est toujours limitée et loin d'être convaincante malgré une croissance de 0,3% au premier trimestre et des nouvelles encourageantes pour le deuxième trimestre».

L'injection d'une nouvelle tranche de rachats d'actifs afin d'alimenter la machine économique pourrait donc être plutôt «un cadeau de bienvenue» plus tard dans l'année pour Mark Carney, estime l'économiste.

«Une reprise plus faible que prévu lui ouvrira un boulevard pour enclencher plus d'activisme monétaire», abonde Martin Beck de Capital Economics.

Les attentes du marché sont en effet «fortes» sur le fait que le Canadien puisse «introduire des mesures nouvelles et innovantes afin d'accélérer le rythme de la reprise économique» alors qu'il a récemment salué les mesures prises par la Banque du Japon, observe Simon Hayes de Barclays.

Sous sa direction, la Banque d'Angleterre pourrait ainsi donner des indications sur la probable évolution des taux d'intérêt, selon les analystes, alors que le ministre britannique des Finances George Osborne, qui juge que M. Carney est «tout simplement le meilleur», avait annoncé fin mars la révision du mandat de la Banque d'Angleterre afin de permettre plus d'«activisme monétaire».

Appelant à ne pas s'emballer sur ce que M. Carney pourra «raisonnablement» faire, Simon Hayes relève toutefois qu'il «fera face aux mêmes circonstances économiques difficiles que son prédécesseur».

Sir Mervyn King, qui estime laisser la Banque entre de «bonnes mains», compte lui prendre du recul après avoir guidé l'institution durant la crise financière: dimanche, ce fan de cricket a confié avoir promis à sa femme qu'il prendrait des cours de danse...