Le groupe informatique américain Dell, qui peine à faire face à la crise du marché du PC, a annoncé un plongeon de ses bénéfices pour le sixième trimestre consécutif jeudi, susceptible de servir la cause de son patron qui entend le racheter et le retirer de la Bourse.

Au premier trimestre de l'exercice 2013/14 (clos début mai), le bénéfice net de Dell s'est effondré de 79% à 130 millions de dollars.

Le bénéfice ajusté par action, mesure de référence à Wall Street, est ressorti à 21 cents, nettement en dessous des 35 cents prévus en moyenne par les analystes.

Le chiffre d'affaires a pourtant reculé moins que prévu, de 2% à 14,07 milliards de dollars quand le consensus était à 13,52 milliards.

«Nous avons pris des mesures pour améliorer notre position concurrentielle dans des secteurs d'activité clé, particulièrement dans l'informatique grand public, et cela a affecté notre rentabilité», a expliqué le directeur financier, Brian Gladden, lors d'une conférence avec des analystes.

Dell, troisième fabricant mondial de PC derrière son compatriote HP et le groupe chinois Lenovo, doit composer avec un marché en grave crise, où les ventes ont encore reculé de plus de 10% sur les trois premiers mois de 2013.

Il a choisi de réagir en baissant ses prix, avec l'espoir d'augmenter ses parts de marché, mais cela pèse sur ses marges.

M. Gladden a aussi souligné que le groupe continuait de faire «des investissements importants» afin de soutenir sa «rentabilité à long terme».

Le groupe s'est efforcé de se renforcer dans des activités autres que les PC, comme les serveurs ou les services aux entreprises, avec des acquisitions comme celle l'an dernier de l'éditeur de logiciels Quest Software pour 2,4 milliards de dollars.

Le choix paraît justifié par les derniers résultats, qui montrent une hausse de 10% à 3,1 milliards de dollars du chiffre d'affaires des activités à destination des entreprises, et de 2% à 2,1 milliards de celui des services.

Les activités grand public baissent en revanche de 9% à 8,9 milliards: les ventes d'ordinateurs de bureau ont reculé de 2% et celles de la division «mobilité», qui inclut les ordinateurs portables, de 16%.

C'est pour mener sa transformation plus sereinement que Dell a annoncé début février un projet pour quitter la Bourse. Il veut se faire racheter par son PDG-fondateur et premier actionnaire Michael Dell, adossé au fonds Silver Lake, pour 13,65 dollars par action soit une valorisation totale de 24,4 milliards.

Deux autres actionnaires pesant environ 12,7% du capital, l'investisseur Carl Icahn et le fonds Southeastern Asset Management, ont annoncé la semaine dernière s'être alliés pour tenter de contrer le projet, qui selon eux ne reflète pas la vraie valeur de Dell.

Ils militent pour qu'il reste en Bourse et fasse plutôt à ses actionnaires un versement exceptionnel de 12 dollars par titre, financé en puisant dans ses liquidités et en empruntant.

Michael Dell ne participait pas à la conférence avec les analystes jeudi, où les dirigeants présents n'ont pas évoqué le projet de rachat, sauf pour justifier l'absence de prévisions pour la suite de l'année.

Néanmoins, pour le site d'analyses 247wallst.com, «la faiblesse des résultats fait paraître l'offre de Michael Dell et Silver Lake plutôt bonne maintenant».

Un autre investisseur potentiel, le fonds Blackstone, avait déjà renoncé le mois dernier à faire une contre-offre, jugeant les perspectives du groupe trop mauvaises, et la Bourse semble s'être résignée.

L'action semble bloquée sous le prix qu'offre Michael Dell, et les résultats publiés jeudi, dont les grandes lignes avaient fait l'objet de fuites dans la presse, étaient accueillis avec une relative indifférence. Dans les échanges électroniques suivant la clôture officielle, le titre perdait 0,52% à 13,36 dollars vers 18h.