Pour marquer le premier anniversaire de son assermentation comme président de la République française, François Hollande n'a pas trouvé mieux que l'annonce de la rechute en récession de la deuxième économie d'Europe.

Le produit intérieur brut (PIB) réel français a reculé de deux dixièmes au premier trimestre, soit autant que durant la période d'octobre à décembre. Une récession correspond techniquement à deux reculs trimestriels du PIB.

La situation française, tout comme celle de l'ensemble de la zone euro enfoncée dans la décroissance depuis un an maintenant, contraste avec celle du Royaume-Uni. Celui-ci se relève enfin après avoir frôlé une triple récession, sans retour à la moindre expansion.

L'économie du pays de sa Gracieuse Majesté Élisabeth II a progressé de 0,3%, de janvier à mars, après un recul de même importance l'automne dernier qui avait fait craindre le pire.

Hier, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, a présenté le dernier scénario économique de la vénérable institution avant sa retraite. La reprise serait en vue, à ses yeux. La Banque projette une croissance printanière de 0,5% et rehausse sa prévision pour les trois prochaines années.

Le gouverneur a néanmoins prévenu que cette reprise imminente sera lente et qu'elle risque d'être entravée, sinon compromise, par la léthargie qui prévaut sur l'ensemble du Vieux Continent. Hors la zone euro, la situation n'est guère reluisante non plus: la Suède et la Pologne stagnent, tandis que la République tchèque a vécu l'hiver dernier son sixième trimestre de décroissance d'affilée.

Le cas de la Pologne est très inquiétant. Ce pays de 38 millions d'habitants avait échappé à la récession mondiale de 2008-2009. Depuis un an, il ne cesse de décélérer.

Heureusement, la Roumanie et la Hongrie émergent, tandis que l'Allemagne a renoué avec la croissance, bien que plus faiblement qu'escompté.

Sans être aussi critique que celles de l'Italie ou de l'Espagne, la rechute en récession de la France survient au moment où la classe politique paraît très affaiblie pour négocier des réformes importantes des lois qui régissent le marché du travail. Ainsi, à la différence de ce qui se vit fréquemment en Allemagne, une entreprise française ne peut diminuer le nombre d'heures de travail, voire les salaires de ses employés quand elle traverse des moments difficiles. Imposer un tel virage alors que le président est encore plus impopulaire chez lui que Pauline Marois chez nous paraît une tâche herculéenne.

Il va sans dire que dans le Royaume-Uni, pays dont les lois du travail ont été burinées par une décennie de thatchérisme, plusieurs rigidités françaises sont incompréhensibles.

Sans aller aussi loin dans la recherche de flexibilité, Paris devra faire comprendre à ses citoyens que les acquis sociaux sont menacés, si on ne leur fait pas subir un régime minceur. La Commission européenne a consenti la semaine dernière un nouveau délai de deux ans à la France pour qu'elle ramène son déficit budgétaire à hauteur de 3% de la taille de son économie.

Ce délai est conditionnel à l'adoption de réformes susceptibles de faire descendre les Français dans la rue, un jeu de société qu'ils affectionnent peut-être par-dessus tout.

C'est cette année que la France devait atteindre la cible européenne de 3,0%, mais elle se dirige plutôt vers un déficit de 3,9%. Chômage accru et décroissance sont rarement synonymes d'augmentation des recettes fiscales.

Même à 3,9%, le déficit hexagonal serait inférieur à celui des États-Unis, estimé à 4,0%, pourrait-on faire observer. C'est oublier deux choses: l'économie américaine n'est pas en récession. À 4%, le déficit est bien inférieur aux 7% de 2012 ou aux 10% de 2009. Il pourrait même diminuer à 2,1% en 2015.

Mince consolation pour la France: si le Congrès n'arrive pas à s'entendre, le déficit américain repassera au-dessus des 3% du PIB, au tournant de la décennie.

Où sera celui de l'Hexagone?