Plus d'une cinquantaine de groupes de médias américains ont protesté contre la saisie, qu'ils jugent «excessive» et sans précédent, de relevés téléphoniques de l'agence de presse Associated Press par le gouvernement américain.

Cette saisie «remet en question l'intégrité des pratiques du ministère de la Justice envers la presse et sa capacité à trouver par lui-même un équilibre entre ses pouvoirs de police et les droits des médias et de l'opinion (publique) stipulés par le Premier amendement» de la Constitution, affirment ces médias dans une lettre publiée mardi.

Depuis que le ministère de la Justice a publié il y a 30 ans des directives sur ces pratiques de saisies de relevés téléphoniques de journalistes, «personne ne se souvient d'une saisie aussi excessive dans le but d'obtenir des éléments d'informations», précise le courrier.

La lettre, envoyée au nom du Comité des reporters pour la liberté de la presse (Reporters Committee for Freedom of the Press), est notamment signée par Dow Jones, EW Scripps, Gannett, The New York Times, The Newspaper Guild, Time Inc. et le Washington Post.

L'administration du président Barack Obama a justifié mardi la saisie de ces relevés par un cas de force majeure qui «mettait les Américains en danger».

Le ministre de la Justice Eric Holder a estimé qu'il s'agissait de l'une des fuites «les plus graves» qu'il ait jamais connues dans sa carrière qui avait conduit le gouvernement à saisir ces relevés en 2012.

«Ce n'est pas une exagération, cela mettait les Américains en danger et tenter de déterminer qui en était responsable, je pense, exige une action très offensive», a-t-il justifié devant la presse, sans dire si d'autres médias étaient concernés.

Selon Associated Press, l'enquête qui a justifié cette saisie concerne un article sur une «opération de la CIA au Yémen qui a empêché au printemps 2012 un complot d'Al-Qaïda visant à faire exploser une bombe dans un avion pour les États-Unis».

Les éditoriaux sur la question ont fleuri mercredi dans les différents quotidiens du pays.

«Peu importe que l'objectif ait été de renforcer la sécurité nationale, il semble que cela ait fait davantage de mal à la liberté de la presse et à la transparence du gouvernement», écrit ainsi le Washington Post.

«Ce gouvernement était censé être d'une transparence sans précédent... À la place, nous avons un gouvernement d'une opacité sans précédent et responsable d'attaques sans précédent de la presse libre», réagit pour sa part l'éditorialiste Margaret Sullivan dans le New York Times.

La présidente du Club national de la presse, Angela Greiling Keane, parle, elle, d'une «violation répugnante de la liberté de la presse». «S'il y une explication à cela, l'opinion a le droit de l'entendre».