Le Sénat mexicain a adopté définitivement mardi la loi sur les télécommunications visant à empêcher les situations monopolistiques dans le domaine de la télévision, de la téléphonie et de l'internet à haut débit et à ouvrir plus largement le marché aux compagnies étrangères.

La nouvelle Loi fédérale des télécommunications, impulsée par le président Enrique Peña Nieto avec l'accord des deux principaux partis d'opposition, a recueilli 108 voix pour, 3 voix contre et deux abstentions.

Ce texte remet en cause les positions monopolistiques de deux géants du secteur:

- le groupe de Carlos Slim, l'homme le plus riche du monde qui contrôle 90 % du secteur de la téléphonie fixe avec Telmex et 70% de la téléphonie mobile avec Telcel;

- le groupe Televisa, le principal groupe de télévision du monde hispanophone, qui diffuse ses contenus dans 60 pays, contrôle 70% de la télévision hertzienne et 60% de la télévision par câble au Mexique.

Cette réforme prévoit la création de deux organismes autonomes de décision, l'Institut fédéral des télécommunications (IFT) et la Commission fédérale de la concurrence (Cofeco), qui auront pouvoir d'attribuer ou de révoquer de manière indépendante les concessions de l'État dans ces domaines, de manière à faire respecter les nouvelles dispositions antimonopolistiques.

Elle autorise des compagnies étrangères à investir dans 100% du capital pour les compagnies de téléphonie (contre 49% auparavant) et à 49% dans des entreprises de radio ou de télévision (contre 0%).

Cette loi permettra ainsi aux deux principaux groupes de télévision de pénétrer sur le marché de la téléphonie fixe dans de meilleures conditions de concurrence tandis que les entreprises de Carlos Slim pourront s'engager dans la télévision. De nouvelles entreprises pourront se développer ou voir le jour sur ces marchés.

La réforme prévoit aussi l'autorisation de deux nouvelles chaînes de télévision hertzienne privées et d'une chaîne publique.

La téléphonie représente au Mexique un marché de 25 milliards d'euros et la télévision quelque 2,3 milliards d'euros.

Après la réforme de l'éducation et de la procédure judiciaire, l'adoption de la loi sur les télécommunications représente un nouveau succès pour le «Pacte pour le Mexique», un accord passé par le président mexicain avec les trois principaux partis politiques mexicains, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir, le Parti action national (PAN, droite) et le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) pour promouvoir des réformes structurelles et favoriser la croissance.