Les consommateurs canadiens peuvent s'attendre à ce que les hausses de prix de la plupart des biens et services qu'ils achètent se fassent modestes pour les mois à venir, ont estimé vendredi des analystes après que Statistique Canada eut dévoilé que l'inflation avait reculé à 1 % le mois dernier.

L'inflation annuelle du mois de mars a diminué de 0,2 point, tandis que la hausse des prix sur une base mensuelle ne s'est établie qu'à 0,2 %.

Ces données font suite à un mois de février inhabituel qui avait vu l'inflation annuelle grimper de 0,7 point et les prix bondir de 1,2 % sur une base mensuelle.

Mais cette aberration était essentiellement attribuable à une forte hausse du prix de l'essence. Celui-ci a rebroussé chemin en mars et a même chuté davantage en avril jusqu'à présent, ce qui laisse présager une inflation encore plus faible dans le prochain rapport de Statistique Canada.

«L'inflation canadienne montre ses vraies couleurs une fois de plus, et elles sont ternes», a illustré l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter.

«Les prix se situent actuellement bien en deçà d'un rythme annuel de deux pour cent dans toutes les régions et presque toutes les catégories, et la perspective à court terme est à la baisse. Nous restons dans un monde ou tant la croissance que l'inflation se démènent pour rester au-dessus de la barre de 1 %.»

L'économiste Francis Fong, de la Banque TD, a noté que l'absence de pression inflationniste allait de pair avec l'anémie de l'économie canadienne, qui a crû de moins d'un pour cent pendant les six derniers mois de 2012 et qui semble n'avoir que légèrement accéléré depuis le début de l'année.

M. Fong s'attend à ce que l'inflation reste faible pendant encore quelque temps, sans toutefois retraiter en territoire déflationniste, ce qui inquiéterait la Banque du Canada. En fait, l'environnement actuel laisse croire que la banque centrale pourrait rester immobile au chapitre de ses taux d'intérêt pendant encore un an ou deux.

«Nous ne nous attendons pas à ce que la première hausse des taux de financement à un jour ne survienne avant la fin de l'an prochain», a-t-il affirmé.

Dans une mise à jour économique dévoilée plus tôt cette semaine, la Banque du Canada a indiqué que la faiblesse des pressions sur les prix était conforme à l'excédent de capacité de production, ce qui signifie que les producteurs ont peu de marge de manoeuvre pour augmenter leurs rendements.

La banque centrale a prédit que l'inflation resterait près d'un pour cent pour la plus grande partie de 2013 et qu'elle ne retournerait qu'à la cible de deux pour cent qu'à la mi-2015.

Le principal responsable du recul de mars est le prix de l'essence, qui a cédé 0,3 % par rapport à l'an dernier. Il avait progressé de 3,9 % en février. Selon Statistique Canada, le prix de l'essence a reculé dans sept des dix provinces.

Dans l'ensemble, six des huit principales composantes de l'inflation ont avancé, mais tous de moins de deux pour cent. En conséquence, l'inflation de base, qui exclut les prix des éléments les plus volatils comme l'essence et les fruits frais, est restée inchangée à 1,4 %.