Une action qui chute de 90% en cinq ans. Un potentiel commercial considéré «mal exploité». Une rémunération de la haute direction jugée «déraisonnable».

Des actionnaires de Diagnocure, une biotech de Québec, perdent patience. Insatisfaits de la performance de la haute direction, ils cherchent à prendre le contrôle du conseil d'administration en y installant leurs candidats.

«Les ressources financières, tranquillement, disparaissent. Les salaires octroyés aux dirigeants, dont celui de la chef des finances, sont déraisonnables. Les actionnaires nous ont sollicités pour essayer de faire quelque chose», a expliqué à La Presse Affaires Pierre Dozois, l'un des candidats proposés.

Ce mouvement de contestation est mené par l'Américain Todd Axelrod, un actionnaire qui brasse la cage de Diagnocure depuis plusieurs années.

La bataille se jouera le 29 avril à l'assemblée générale annuelle de Diagnocure. Le groupe de Todd Axelrod proposera trois candidats au conseil d'administration. L'entreprise recommande aux actionnaires d'ignorer ces candidatures et de reconduire les mandats des cinq membres actuels.

Ce bras de fer se déroule alors que l'action de Diagnocure se trouve sous la barre des 30 cents, loin du prix de 3,00$ atteint en 2008 et de 6,00$ en 2004.

«Beaucoup de gens ont mis de l'argent dans Diagnocure et ont essentiellement tout perdu. Moi-même, j'y ai perdu ma chemise», dénonce Pierre Dozois, qui cherche à briguer un siège.

«La frustration des actionnaires, je suis bien placé pour la comprendre, dit le grand patron de Diagnocure, Yves Fradet. J'en suis un moi-même.»

M. Fradet attribue la contre-performance en Bourse à une série de malchances qui «échappent au contrôle de l'entreprise». Il faut savoir que Diagnocure a réussi à commercialiser un test diagnostique pour le cancer de la prostate réputé plus efficace que le test actuel, qui détecte souvent des cancers là où il n'y en a pas.

Le test a été approuvé pour la commercialisation aux États-Unis en février 2012. Or, quelques mois plus tard, le partenaire de Diagnocure censé le commercialiser, Gen-Probe, s'est fait avaler par la société Hologic.

Selon M. Fradet, l'acquisition a changé les priorités, et le test de Diagnocure s'est retrouvé sur une voie de garage. Diagnocure dit être en «communication formelle» avec Hologic pour s'assurer que des représentants pharmaceutiques fassent activement la promotion du test.

Diagnocure a aussi inventé un test pour le cancer colorectal, mais l'entreprise à laquelle elle avait cédé les droits a fermé boutique, ce qui a entraîné des retards.

M. Fradet défend par ailleurs la rémunération de la direction, jugée «déraisonnable» et «indécente» par Pierre Dozois. M. Fradet a touché 180 721$ l'an dernier comparativement à 272 650$ en 2011 et 408 466$ en 2010. La chef de la direction financière, Chantal Miklosi, a reçu 239 267$ l'an dernier comparativement à 390 959$ en 2011 et 207 543$ en 2010.

Outre Pierre Dozois, associé au cabinet d'avocats BCF, les autres candidats proposés par les actionnaires mécontents sont Paul Guay (ex-vice-président, finances, du Groupe BMR et de Produits de Piscines Vogue, notamment) et Hans Mäder (ancien président de la biotech québécoise Ambrilia).

M. Dozois a admis ne pas avoir encore de plan précis pour redresser le cours de l'action de Diagnocure.

«Nous allons siéger et faire nos devoirs, dit-il. Surtout, nous allons agir non pas dans l'intérêt d'une minorité d'actionnaires, mais pour l'ensemble de ceux-ci.»

L'action de Diagnocure a clôturé à 29,5 cents hier, en hausse de 1,72%.

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DIAGNOCURE

> Siège social: Québec

> Nombre d'employés: 13

> Revenus en 2012: 2,47 millions

> Pertes en 2012: 3,68 millions