Plus de 1 million pour soutenir un projet sur le diabète. Un autre million et demi pour la recherche sur le cholestérol. Amorchem, ce fonds dans lequel Québec a misé de l'argent et qui s'est donné comme mission d'extraire de la valeur des laboratoires universitaires, vient de réaliser deux nouveaux investissements.

Le fonds de capital de risque signe ainsi ses huitième et neuvième chèques depuis sa fondation, en 2011. Le premier investissement, de «plus de 1 million», est accordé au chercheur Marc Prentki, de l'Université de Montréal, qui travaille sur le diabète de type II. L'autre totalise 1,5 million et va à Nabil Seidah, de McGill, un chercheur qui s'attaque au cholestérol et qui avait déjà été soutenu par Amorchem à hauteur d'un demi-million.

«Après deux ans d'existence, on pense qu'on est en train de démontrer qu'on peut aller aussi tôt dans un projet qu'à l'université et faire avancer les technologies pour créer de la valeur», dit Élizabeth Douville, associée principale d'Amorchem.

Lancé conjointement par le gouvernement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ et la multinationale pharmaceutique Merck, Amorchem a pour mission de faciliter le difficile passage du labo universitaire à l'entreprise dans le domaine des sciences de la vie.

Équipes flexibles

Plutôt que de créer systématiquement des entreprises autour de chaque découverte prometteuse, Amorchem construit ce qu'elle appelle des «entreprises virtuelles». L'équipe a lancé une société, Nuchem Thérapeutiques, qui est formée de sept chercheurs provenant des défunts laboratoires de Merck à Montréal. Ceux-ci viennent prêter main-forte aux divers projets soutenus par Amorchem, ce qui permet de bâtir des équipes flexibles en minimisant les coûts.

«La beauté, c'est qu'on ne finance pas d'infrastructures», explique Inès Holzbaur, aussi associée principale d'Amorchem.

Le fonds tente de faire évoluer les découvertes jusqu'à ce qu'elles atteignent un stade assez avancé pour intéresser les pharmaceutiques ou les autres groupes de capital de risque. Dans le cas des deux derniers projets soutenus, Mme Douville souligne que le diabète et le cholestérol sont d'intérêt pour les grandes sociétés pharmaceutiques, ce qui a convaincu Amorchem de faire le saut.

En quête de profits

En deux ans, le fonds a engagé 7,4 des 41,25 millions dont il dispose pour soutenir des projets prometteurs. Loin d'agir par charité, il veut générer des profits sur ses investissements.

«On a vraiment une philosophie de rendement. C'est la seule façon d'assurer la pérennité du fonds», dit Élizabeth Douville, qui avoue déjà songer à un Amorchem II.

En plus des sciences de la vie, des fonds d'amorçage en technologie de l'information (Real Ventures) et en technologies propres (Cycle-C3E) ont été lancés par Québec en collaboration avec des partenaires privés.

LES « BIOTECHS VIRTUELLES»

Des laboratoires, des bureaux, un président, un chef des finances, des secrétaires... Il fut une époque où, pour lancer une entreprise de biotechnologie, on déployait les ressources. Aujourd'hui, les entreprises de biotechnologies se qualifient souvent de «virtuelles». Le fonds Amorchem a une équipe de sept chercheurs qu'il peut assigner à divers projets. Les chercheurs financés par le groupe continuent de travailler dans leur laboratoire universitaire, ce qui minimise les coûts. Le fonds TVM-Capital fonctionne souvent selon la même recette. Et une entreprise comme la québécoise Mimetogen ne possède ni laboratoire ni chercheurs. Elle ne compte en fait qu'un employé, qui agit comme chef d'orchestre en accordant des contrats selon les besoins de l'entreprise.

COMMANDITAIRES

Amorchem dispose de 41,25 millions provenant des investisseurs suivants :

- 16,50 millions : Investissement Québec

- 10,89 millions : Fonds de solidarité FTQ

- 6,80 millions : Merck

- 5,61 millions : FIER Partenaires (gouvernement du Québec)

- 1 million: les associés d'Amorchem

- 0,45 million: deux anges financiers