Problèmes de liquidités, ventes de filiales, menace de radiation de la Bourse de Toronto: les problèmes s'accumulent chez Noveko International (T.EKO), qui est engagée de surcroît dans un conflit juridique avec d'ex-employés.

Un bras de fer se joue en effet entre le fabricant de filtres et masques antibactériens de Boucherville et cinq de ses ex-employés.

Ceux-ci, dont l'ancien président de la filiale Épurair, Simon Labrecque, ont quitté la société en 2012. Noveko les accuse d'avoir ourdi leur départ pour fonder une nouvelle entreprise, Industrie Orkan, et lui livrer une concurrence déloyale.

Dans des documents déposés en cour, les employés prétendent plutôt avoir été «forcés de quitter» leur poste à cause d'une «situation intenable».

Plusieurs affirment que leur ancienne entreprise leur doit des sommes impayées en salaires ou commissions. Certains d'entre eux allèguent aussi que la haute direction de Noveko leur a demandé de livrer des produits non conformes à des clients ou de cacher des informations sur leur conformité.

Ordonnance du tribunal

Noveko a réussi à obtenir une ordonnance du tribunal qui interdit à Orkan et aux cinq ex-employés de concurrencer illégalement Noveko. Au début du mois de mars, le groupe a tenté, en vain, de faire casser cette ordonnance en Cour supérieure.

Les cinq employés en question sont Simon Labrecque, ex-administrateur et ex-président d'Épurair, son frère Daniel Labrecque, ex-directeur de la recherche et du développement, Martin Tremblay, ex-représentant aux ventes, Patrick Beauchesne, ex-gestionnaire au service à la clientèle, et Lydia Richard, ex-commis comptable.

Selon le Registre des entreprises du Québec, Daniel Labrecque a fondé Industrie Orkan le 14 septembre dernier, une semaine après avoir quitté Noveko. Noveko prétend que les cinq employés ont planifié la fondation d'Orkan lorsqu'ils étaient toujours employés par Noveko.

La défense rejette cette allégation et affirme que trois des ex-employés, soit Simon Labrecque, Patrick Beauchesne et Lydia Richard, n'ont même jamais travaillé pour Orkan.

La bataille juridique n'est pas terminée puisque l'ordonnance qui empêche Orkan de concurrencer Noveko prend fin le 25 avril prochain. Noveko est déterminée à la prolonger, tandis que le groupe d'ex-employés veut la faire tomber.

Les cinq ex-employés et Orkan réclament aussi des sommes à Noveko pour salaires et commissions impayés, pour le caractère «abusif» des poursuites intentées et pour une perte de profits, dans le cas d'Orkan.

Problèmes de liquidité

Cette bataille juridique se déroule sur fond de problèmes financiers chez Noveko International. Dirigée par l'homme d'affaires André Leroux, Noveko a déjà fait office de coqueluche boursière, son action enregistrant un gain de 562% en 2007 - alors la meilleure performance en Bourse de toutes les entreprises québécoises.

D'un sommet de 10,85$, l'action a cependant perdu presque toute sa valeur depuis. Le titre a clôturé hier à 5 cents, en hausse de 11%.

En entrevue à La Presse Affaires, le président, André Leroux, a admis que le départ des employés et la bataille juridique nuisent à l'entreprise dans le contexte actuel.

«Quand on fait face à un départ massif d'employés-clés, ça magane. Là, il faut se défendre, et ça amène beaucoup de pertes de temps et d'énergie», a-t-il dit.

Noveko a son lot de chats à fouetter actuellement. L'entreprise, qui a déclaré des pertes de 2,1 millions au dernier trimestre, n'est plus en mesure de respecter ses engagements envers un prêteur. Dans ses derniers états financiers, l'entreprise affirme aussi avoir des difficultés à s'approvisionner parce qu'elle doit de l'argent à ses fournisseurs.

L'entreprise a récemment vendu sa filiale Noveko Algérie et tente de se départir d'une autre, EMC, qui fait dans l'échographie. Elle est aussi menacée de radiation par la Bourse de Toronto. Les dirigeants viennent d'annoncer qu'ils injecteront de l'argent dans l'entreprise pour survivre jusqu'à un financement de 10 millions attendu d'ici «deux à trois semaines».

Noveko

- Fondée en 2002

- Siège social à Boucherville

- Fabrique des masques et filtres antibactériens

- 35 employés (en excluant la filiale EMC qui est en vente)

- Pertes de 15 millions l'an dernier