Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a affirmé lundi à Londres que la politique monétaire ultra-accommodante des États-Unis et des autres grands pays développés profitait au monde entier.

Rejetant l'idée selon laquelle ces politiques s'apparenteraient à une «course à la dévaluation», M. Bernanke estime qu'elles ne créent pas des gagnants et des perdants, mais qu'«elles peuvent se renforcer mutuellement pour le bénéfice de tous».

Aujourd'hui, la plupart des banques centrales des économies avancées pratiquent une politique accommodante pour soutenir la reprise, a rappelé M. Bernanke lors d'une allocation prononcée à la London School of Economics (LSE) lors d'une rencontre à laquelle participait également le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King.

«Ces politiques constituent-elles une course à la dévaluation ? Bien au contraire. Puisque la politique monétaire est accommodante dans la grande majorité des économies avancées, on ne s'attendra pas à des modifications importantes et prolongées de la configuration des taux de changes entre ces pays», a affirmé M. Bernanke lors de cette table ronde retransmise en ligne.

Pour le président de la banque centrale américaine, «les bénéfices de l'assouplissement monétaire dans les économies avancées proviennent du soutien que celui-ci fournit à la demande globale intérieure de chaque pays ou ensemble de pays concerné, et non d'abord de variations des taux de changes».

«Qui plus est, a-t-il estimé, dans la mesure où le renforcement de la croissance dans chaque économie particulière a des conséquences bénéfiques pour ses partenaires commerciaux, ces politiques ne sont pas protectionnistes mais plutôt à sommes positives».

«Il est essentiel de faire la différence entre les politiques monétaires qui poursuivent des objectifs intérieurs et celles dont le but est de créer une distorsion des échanges commerciaux par le biais d'une dévaluation ou d'autres mesures protectionnistes», a-t-il rappelé, «les premières peuvent être mutuellement bénéfiques, pas les secondes».

Le président de la Fed a estimé que cette vision des choses était à l'origine de la déclaration conjointe des pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) publiée en février.

À l'heure ou certains craignaient une «guerre des monnaies» sur le modèle de ce qui avait pu se produire pendant la crise des années 30, les ministres des Finances et les chefs des banques centrales de ce groupe de pays y affirmaient qu'ils ne se fixeraient pas «d'objectif de taux de change».

M. Bernanke a reconnu que les bénéfices de la politique monétaire des pays avancés pour les pays émergents n'étaient pas évidents à première vue.

Il a cependant réaffirmé que l'afflux massif de capitaux vers le monde émergent, potentiellement déstabilisateur pour ces pays, n'était pas causé principalement par les liquidités que la Fed ou d'autres banques centrales ne cessent d'injecter dans le circuit économique en quantité considérable.

«Au bout du compte, a-t-il dit, le retour des pays avancés à une croissance robuste est aussi dans l'intérêt des économies émergentes».