Pierre Karl Péladeau cède les rênes de Québecor: il laissera en mai son poste de président et chef de la direction de Québecor, qu'il occupe depuis 13 ans. Son fidèle collaborateur Robert Dépatie, le grand patron de Vidéotron, lui succédera. M. Péladeau continuera d'être l'actionnaire de contrôle de Québecor et siégera comme vice-président du conseil d'administration.

«Pendant de nombreuses années, ma vie s'est résumée à Québecor, bien souvent à l'exclusion de toute autre chose. Parce qu'on ne peut être un PDG à temps partiel, j'ai décidé de quitter mon poste. Ma famille et moi croyons que le moment est venu de prendre du recul face à la gestion quotidienne de l'entreprise», a dit M. Péladeau ce matin au cours d'une conférence avec des analystes financiers.

Visiblement ému, M. Péladeau a fait plusieurs pauses durant son discours, notamment quand il a parlé de sa famille et remercié sa conjointe, l'animatrice et productrice Julie Snyder. «Je tiens enfin à remercier ma conjointe, Julie Snyder, qui est avec moi depuis le début de l'aventure de l'acquisition de Vidéotron et qui m'a toujours apporté son conseil, son amour et son soutien, tout au long des enjeux cruciaux auxquels j'ai eu à faire face. Julie et moi avons trois magnifiques enfants que nous aimons profondément. Je veux être un bon père pour eux et serai désormais en mesure de passer plus de temps avec eux.»

S'il ne dirigera plus les activités quotidiennes de Québecor comme président et chef de la direction, Pierre Karl Péladeau reste l'actionnaire de contrôle de l'entreprise par le biais de ses actions à votes multiples (action A de Québecor). Il a indiqué jeudi qu'il ne se départirait pas de ses actions. En mai, il sera aussi nommé vice-président du conseil d'administration de Québecor et président des conseils d'administration de Québecor Média et du Groupe TVA.

L'action B de Québecor a perdu 4,5 % de sa valeur au cours de la matinée à la suite de l'annonce du départ de M. Péladeau et de résultats financiers décevants. Le titre de Québecor s'est apprécié de 21 % depuis un an.

À 51 ans, Pierre Karl Péladeau aurait pu diriger Québecor pendant plusieurs années encore, d'autant plus qu'il en est l'actionnaire de contrôle. Mais il préfère se concentrer sur les grandes orientations stratégiques en siégeant au conseil d'administration de l'entreprise fondée par son père Pierre Péladeau et pour laquelle il travaille depuis 1985.

«Je continuerai de m'occuper des dossiers stratégiques de l'entreprise, a dit M. Péladeau. J'ai toujours pensé que l'une des responsabilités les plus importantes d'un chef d'entreprise est d'établir une base d'affaires solide avec une équipe exceptionnelle. Nous avons eu un succès impressionnant autant au Québec qu'au Canada. Nous avons tenu de meilleures marges que nos concurrents dans nos différents secteurs d'activités. Nous avons une position enviable sur le marché grâce à notre leadership techno et notre obsession pour le service à la clientèle.» M. Péladeau veut aussi continuer de s'impliquer dans les missions philanthropiques de Québecor.

Grand patron de Vidéotron depuis 2003, Robert Dépatie est un fidèle collaborateur de Pierre Karl Péladeau. «J'ai entièrement confiance en son leadership et sa détermination de continuer à bâtir ce que nous avons bâti ensemble», a dit M. Péladeau au sujet de son successeur.

Depuis plusieurs années, le câblodistributeur Vidéotron est devenu la vache à lait de Québecor. En 2012, Vidéotron a généré 87 % du bénéfice d'exploitation de Québecor (1,225 milliard sur 1,404 milliard). Les autres divisions de Québecor (médias d'information comme Le Journal de Montréal, Groupe TVA, Archambault, etc.) ont généré ensemble un bénéfice d'exploitation de 179 millions. «Je me sens aussi très privilégié de pouvoir compter sur la présence, le soutien et les bons conseils de Pierre Karl dans mes nouvelles fonctions. J'ai l'intention de poursuivre dans la voie qu'il a tracée», a dit Robert Dépatie.

Résultats financiers

Les profits et revenus de Québecor ont par ailleurs diminué au quatrième trimestre de 2012.

L'entreprise a annoncé jeudi matin un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 9,2 millions de dollars, ou 15 cents par action, au quatrième trimestre, contre 85,4 millions, ou 1,34 $ par action, en 2011.

Cela représente une baisse de 76,2 millions.

Ses revenus se sont chiffrés à 1,14 milliard, en baisse de 5,6 millions par rapport au quatrième trimestre de 2011.

Pour l'ensemble de l'exercice financier 2012, le bénéfice net attribuable aux actionnaires s'est situé à 167,7 millions, ou 2,65 $ par action de base.

Il s'agit d'une baisse de 33 millions par rapport à celui de 201 millions, ou 3,14 $ par action, enregistré en 2011.

Les revenus de Québecor en 2012 ont atteint 4,35 milliards.

Ils ont augmenté de 145,2 millions, principalement en raison d'une croissance de 8,4 % des revenus du secteur des télécommunications.

Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, a souligné que les résultats pour l'exercice 2012 reflétaient le bien-fondé de la stratégie d'investissement mise en place au cours des dernières années, principalement en téléphonie mobile, dans la modernisation du réseau de Vidéotron et dans le développement de nouveaux produits attrayants, dont illico télé nouvelle génération, lancée en 2012.

Les résultats du secteur Médias d'information ont par ailleurs accusé un recul important en 2012, par rapport à l'exercice précédent.

M. Péladeau a fait valoir que les médias traditionnels imprimés connaissaient des bouleversements importants qui, combinés à une conjoncture économique stagnante, ont affecté négativement la rentabilité des publications de Québecor.

Une revue des activités d'information, de salles de presse, de publicité et d'imprimerie a été entreprise dans le but d'alléger la structure organisationnelle et d'accélérer la prise de décisions.

Des économies annuelles estimées à 45 millions seront réalisées dans le cadre de ces changements organisationnels.

- Avec La Presse Canadienne