Le gouvernement Marois se dit «inquiet» de la transaction Bell-Astral, partie II. Surtout qu'un flou règne sur le nombre d'employés d'Astral au Québec.

«Nous continuons notre analyse de la transaction, mais nous sommes inquiets malgré le fait que la transaction actuelle est moins inquiétante que la première. La transaction doit être bénéfique aux artisans québécois et doit permettre de conserver les emplois au Québec», dit l'attaché de presse du ministre québécois de la Culture et des Communications Maka Kotto, Marc-André de Blois.

Pour l'instant, un flou règne sur le nombre d'emplois d'Astral au Québec. Le gouvernement du Québec considère qu'Astral a 1555 employés au Québec - un chiffre provenant du répertoire des entreprises du journal Les Affaires. Mais voilà: Astral a expliqué hier à La Presse Affaires avoir fourni par inadvertance une information erronée au journal Les Affaires en septembre dernier, ayant oublié de mettre à jour cette information depuis plusieurs années. Dans ses communications officielles, Astral ne donne pas son nombre d'employés par province «pour des motifs concurrentiels». Astral dit avoir environ 1400 au Québec (sur un total de 2800 employés au pays) depuis un an. Selon Astral, son nombre d'employés au Québec n'a pas bougé depuis l'annonce de la transaction avec Bell en mars 2012.

En septembre 2012, à la dernière journée des audiences publiques du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) sur la première transaction, Bell évoquait la possibilité de pertes d'emplois chez Astral s'il ne pouvait pas l'acheter en un seul morceau. «Si Astral est achetée en morceaux par plusieurs acheteurs, c'est certain qu'il y aura des pertes d'emplois», avait alors dit Mirko Bibic, chef des affaires réglementaires de Bell, qui compte déjà sur 17 000 employés au Québec.

Plutôt que d'avaler Astral en entier, Bell n'achètera finalement que 12 des 25 chaînes de télé d'Astral. Dans les deux scénarios, Bell se départait de 10 stations de radio pour respecter les règles de propriété commune du CRTC. L'entreprise albertaine Corus, qui a acheté sept chaînes de télé et deux stations de radio d'Astral la semaine dernière pour 400 millions dans le cadre de la transaction Bell-Astral, a promis d'ouvrir un bureau au Québec.

En campagne électorale l'été dernier, le Parti québécois avait dénoncé fermement la première version de la transaction (rejetée par la suite par le CRTC), voulant «mener une bataille de tous les instants» contre cette transaction. Maintenant au gouvernement, le PQ reconnaît ne pas avoir le droit de bloquer une transaction privée dans un champ de compétence fédérale comme la radio et la télévision. «Mais si la transaction va contre les intérêts du Québec, nous allons la dénoncer et voir les mécanismes que nous pouvons utiliser», dit Marc-André de Blois.

L'été dernier, le Parti libéral du Québec (PLQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) avaient aussi exprimé de sérieuses réserves sur la transaction. Aujourd'hui, le PLQ ne se sent pas concerné par ce dossier. «C'est un dossier qui relève du fédéral. C'est au Bureau de la concurrence et au CRTC d'analyser ce dossier. C'est leur rôle de s'assurer que les consommateurs soient protégés», dit Charles Robert, attaché de presse de l'aile parlementaire du Parti libéral du Québec. Quant à la CAQ, elle étudie actuellement la transaction. «Mais nous sommes inquiets par la perte d'un autre siège social (celui d'Astral)», dit Jean-François Del Torchio, attaché de presse de la Coalition avenir Québec. Le siège social de Bell est situé au Québec, mais seulement 2 des 12 dirigeants de Bell travaillent au Québec, comparativement à 9 à Toronto et 1 à Ottawa.