L'économie canadienne a donné l'impression vendredi qu'elle pourrait être prête à émerger de sa récente torpeur en affichant une création nette de 50 700 emplois le mois dernier, la plupart étant des emplois à temps plein, dans le secteur privé, en Ontario.

Ces importants gains ont permis de maintenir le taux de chômage à son creux de quatre ans de 7 %, malgré le fait que 60 000 Canadiens ont fait leur entrée sur le marché du travail au cours du mois, ce qui est un autre bon signe pour l'économie.

Du côté des provinces, l'Ontario a connu la meilleure performance, avec l'ajout net de 35 300 emplois, suivi par la Colombie-Britannique et ses 19 800 nouveaux emplois.

Le Québec a connu le recul le plus important, avec la disparition de 13 100 emplois. Le taux de chômage de la Belle Province a augmenté de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 7,4 %.

Les économistes s'attendaient à un deuxième mois de faiblesse consécutif, étant donné que la plupart des indicateurs laissaient entrevoir une modeste croissance et que le mois de janvier avait vu la perte de près de 22 000 emplois. Les prévisions pour février visaient en moyenne 8000 nouveaux emplois.

Mais le marché du travail a plutôt renversé tous les signaux négatifs transmis en janvier, et plus encore. Non seulement les gains ont renversé les pertes du mois précédent, mais les Canadiens qui avaient cessé de chercher un emploi sont revenus sur le marché avec succès.

«Jusqu'à aujourd'hui, les indicateurs économiques laissaient croire que l'économie canadienne bafouillait plutôt d'accélérer», a observé Sonya Gulati, économiste principale à la Banque TD.

«Les données d'aujourd'hui mettent certaines de ces inquiétudes au rancard. Même si les vents contraires soufflent toujours et que les risques à la baisse sont nombreux, ceux-ci devraient décroître et permettre à la croissance économique du Canada de prendre de la vitesse dans la deuxième moitié de l'année.»

Les perspectives économiques du Canada s'améliorent aussi avec les chiffres dévoilés aux États-Unis, où quelque 236 000 nouveaux emplois ont vu le jour en février, ce qui a fait reculer le taux de chômage à 7,7 %, son plus faible niveau en quatre ans.

Étant donné que plusieurs des moteurs de croissance économique du Canada - l'habitation, les dépenses des gouvernements et les achats des consommateurs - tournent au ralenti, certains analystes jugent que les perspectives du pays pour les quelques prochaines années reposeront en très grande partie sur la solidité de la reprise aux États-Unis et la demande mondiale pour revigorer le secteur des exportations.

Les détails du rapport sur l'emploi de Statistique Canada étaient quasiment aussi solides que ses principaux chiffres. La plupart des nouveaux travailleurs étaient des employés, plutôt que des travailleurs autonomes, dans le secteur privé, et les emplois à temps plein étaient deux fois plus nombreux que ceux à temps partiel.

Le seul détail plus faible a été observé dans le secteur de la fabrication, qui vit, ces derniers quelques mois, des moments plus difficiles. Quelque 25 600 emplois ont disparu dans ce secteur en février, ce qui ramène son bilan des 12 derniers mois en territoire négatif.

L'économiste Robert Kavcic a noté que le marché de l'emploi semblait ignorer complètement que l'économie avait été faible depuis six ou sept mois. Le pays a créé environ 30 000 emplois par mois, alors que la croissance du produit intérieur brut pour la deuxième moitié de 2012 n'a été que de 0,7 % en données annualisées.

«C'est un peu intrigant», a estimé M. Kavcic. «Cela ne va pas très bien avec une croissance inférieure à 1 %.»

Statistique Canada a précisé que le pays avait réussi à ajouter quelque 336 000 nouveaux emplois au cours des 12 derniers mois, presque tous des emplois à temps plein. En outre, le nombre d'heures travaillées a progressé de 1,9 %.