Après News Corp, le groupe de médias américain Time Warner a décidé de se concentrer sur la télévision et le cinéma, en annonçant mercredi son intention de se séparer de sa filiale d'édition Time Inc., détentrice de magazines comme Time ou Fortune.

«Le conseil d'administration a autorisé la direction à procéder avec des plans en vue d'une séparation complète, légale et structurelle, de Time Inc. par rapport à Time Warner», a indiqué le groupe américain dans un communiqué.

L'opération devrait être bouclée d'ici la fin de l'année et faire de Time Inc. «une entreprise indépendante cotée» en Bourse, a-t-il précisé. L'opération entraînera aussi un changement de direction chez Time Inc., avec le départ annoncé de sa directrice générale, Laura Lang.

Time Inc. édite au total 21 titres, parmi lesquels figurent les magazines d'informations Time et Fortune, la revue sportive Sports Illustrated ou encore People, considéré comme le magazine le plus rentable du monde.

Chaque mois, près de la moitié des adultes américains lisent au moins un de ces magazines, de même que «des millions de consommateurs dans le monde», a souligné Time Warner.

Son PDG Jeff Bewkes a assuré, sans préciser davantage, que la décision faisait suite à «un examen approfondi des options possibles».

Il avait notamment approché un autre éditeur américain de magazines, Meredith, a indiqué ce dernier dans un communiqué séparé.

Meredith, qui édite des titres centrés sur les femmes et la famille, a précisé que Time Warner lui avait proposé de les réunir avec une partie de ceux de Time Inc., dans une nouvelle société qui aurait été cotée en Bourse.

Time Warner a toutefois finalement décidé de faire cavalier seul et de se séparer de la totalité de ses magazines.

«Disparité» entre l'image et l'imprimé

«Une scission complète de Time Inc. fournit de la clarté à Time Warner, nous permettant de nous concentrer entièrement sur nos chaînes de télévision et nos activités de production de films et de programmes télévisés, et améliore notre profil de croissance», a fait valoir Jeff Bewkes.

Time Warner avait déjà réduit nettement sa voilure ces dernières années, se séparant notamment en 2009 du câblo-opérateur Time Warner Cable et du groupe internet AOL. Cette nouvelle cession va encore davantage concentrer son activité sur les studios Warner Bros et des chaînes comme CNN et HBO.

Ken Doctor, un analyste de la société de recherche Outsell, a relevé le «fort parallèle avec ce qu'est en train de faire News Corp».

Le groupe de Rupert Murdoch a lui aussi prévu de se scinder en deux d'ici fin juin, avec d'un côté les activités plus rentables de télévision et de cinéma, et de l'autre celles d'édition, qui comptent une série de journaux internationaux dont le Wall Street Journal et le Times de Londres, mais qui avaient été éclaboussées par un scandale d'écoutes illégales au Royaume-Uni.

«La disparité entre le côté vidéo et le côté imprimé (des médias) n'a jamais été aussi grande», souligne M. Doctor.

Le secteur de la presse écrite fait actuellement face à «une transition difficile» pour s'adapter au numérique, explique-t-il. «Cela va être une activité à faible profit durant une période transitoire de trois à cinq ans, et les investisseurs ne veulent pas que cela pèse sur le reste des actifs».

Time Inc. n'a pas été épargné par la crise de la presse écrite. Son chiffre d'affaires a reculé de 7% l'an dernier à 3,43 milliards de dollars, et il a annoncé fin janvier son intention de supprimer environ 6% de ses effectifs, soit environ 480 emplois.