L'action Sharp s'envolait de 16 % mercredi en début de séance à la Bourse de Tokyo, sur la foi d'articles de presse affirmant que le géant de l'électronique sud-coréen Samsung allait entrer dans son capital.

Le titre du groupe nippon spécialiste des écrans à cristaux liquides (LCD) bondissait à 346 yens (+15,71 %) après une heure de cotation, après avoir clôturé la veille à 299 yens.

Le quotidien économique japonais Nikkei a affirmé mardi soir sur son site internet que Sharp devrait émettre dans le courant du mois de nouvelles actions à destination de Samsung qui débourserait quelque 10 milliards de yens (111 millions de dollars) pour prendre 3 % du capital de son concurrent japonais.

Cet investissement ferait du groupe sud-coréen le cinquième actionnaire de Sharp, et le plus important si l'on excepte les compagnies d'assurance et les banques. Samsung deviendrait aussi le principal actionnaire étranger du groupe nippon.

Cet apport de fonds devrait permettre à Sharp d'améliorer sa situation financière dégradée par une chute de rentabilité due à une détérioration du marché des téléviseurs et écrans et à une concurrence très féroce qui tire les prix vers le bas.

De surcroît, Sharp fournirait de la sorte des dalles d'écrans de TV et téléphones intelligents à Samsung.

Selon le Nikkei, les deux entreprises, pourtant rivales depuis des années, ont conclu un accord ce mardi et devraient faire une annonce officielle mercredi.

Les autres journaux nippons rapportaient la même information mercredi matin.

Peu avant l'ouverture de la Bourse, Sharp a simplement indiqué dans un bref communiqué: «il y a eu des informations de presse au sujet d'un investissement d'une entreprise étrangère, mais ce n'est pas quelque chose que nous avons annoncé».

D'après Toshiyuki Kanayama, courtier chez Monex, «le marché a réagi positivement aux articles de presse, car si cela se concrétise le taux d'utilisation des usines d'écrans plats de Sharp va augmenter».

«Les investisseurs pensent que la force de vente de Samsung va aider Sharp à produire davantage, alors que la demande en provenance d'Apple décline», a-t-il expliqué à l'AFP.

D'après le Nikkei, Sharp fournirait en priorité à Samsung les écrans LCD de téléphones intelligents et tablettes notamment produits dans l'usine de Kameyama (centre du Japon), ce qui permettrait d'élever le taux d'exploitation des chaînes. Sharp approvisionne déjà en écrans du même type le groupe américain Apple, principal concurrent de Samsung sur le segment des téléphones intelligents.

Pour Samsung, l'achat de dalles d'écrans à Sharp devrait lui permettre d'éviter de lourds investissements nécessaires pour élever ses capacités de production.

Sharp et Samsung étudieraient même des collaborations dans d'autres domaines.

Le groupe japonais, qui prévoit de finir l'année budgétaire le 31 mars avec une perte nette de 450 milliards de yens (3,7 milliards d'euros), s'active depuis des mois pour trouver des partenaires industriels et financiers.

«Pour Sharp, l'essentiel est d'améliorer ses performances afin de dégager à nouveau des bénéfices, une condition pour conserver le soutien des banques. Et pour améliorer sa rentabilité, il doit élever le taux d'utilisation de ses usines», a insisté M. Kanayama.

Sharp avait signé en mars 2012 un accord avec le taïwanais Hon Hai (plus connu sous son appellation commerciale Foxconn) qui devait entrer dans son tour de table à hauteur de 9,9 % pour un prix de 550 yens par action.

Par la suite, du fait des résultats calamiteux de Sharp, le cours de son action a dévissé, rendant caduques les discussions antérieures sur le prix à payer par Hon Hai.

Les deux sociétés s'étaient contractuellement donné jusqu'au 26 mars prochain pour conclure, mais les négociations seraient désormais interrompues, selon une partie des médias nippons.

Sharp est en revanche entre-temps parvenu à une entente technique et capitalistique avec la firme américaine de composants pour mobiles Qualcomm.