Il y a de quoi se désespérer si on s'attarde au fiasco électoral en Italie, au nouveau psychodrame entre le Congrès et la Maison-Blanche ou encore aux indicateurs économiques canadiens qui pointent surtout vers le bas depuis quelques semaines.

Les élections italiennes vont certes attiser les tensions au sein de la zone euro, mais elles rappellent avant tout que la crise n'est pas terminée. La voie de sortie, quelle qu'elle soit, sera pénible et longue. Ce qui risque de briser l'impasse parlementaire qu'a dessinée la volonté des électeurs italiens, toutefois, c'est la vive réaction des marchés financiers. Les taux d'intérêt des obligations italiennes venant à échéance dans 10 ans ont bondi de plus de 30 centièmes hier.

Aujourd'hui, Rome doit venir aux marchés avec deux tranches d'obligations dont une de cinq ans. Un mauvais accueil aurait sans doute pour effet d'approfondir le recul de la Bourse milanaise dont le maître indice a abandonné 4,9%, hier. Le volume des transactions a même dépassé de 41% la moyenne enregistrée au cours des 30 séances précédentes, selon les calculs de l'agence Bloomberg.

L'insuccès des adjudications forcerait la main à la Banque centrale européenne (BCE) pour éviter l'effet de contagion de la crise italienne sur les besoins de financement de l'Espagne et du Portugal. La BCE pourrait acheter des obligations italiennes sur le marché secondaire tandis que son président, Mario Draghi, ferait sentir tout son poids politique sur les leaders italiens.

De telles conditions favorisent normalement un rapprochement des partis, même après une campagne électorale âprement disputée. La forme qu'il prendra reste toutefois à définir. Les Italiens, plus familiers que tout autre peuple européen avec les méandres des gouvernements de coalition, en forgeront certainement une autre, éphémère comme les précédentes, mais suffisamment stable pour contenir la crise alors que le pays est englué dans sa quatrième récession en 12 ans.

Cette culture de la coalition paraît cependant absente ces jours-ci des débats au Congrès américain, à deux jours de l'échéance du 1er mars et de ses coupes aveugles de 85 milliards US.

Hier, le président de la Chambre des représentants et leader de la majorité républicaine, John Boehner, a exhorté le Sénat à «se grouiller le cul» («to get off their ass») s'il veut une entente.

À majorité démocrate, le Sénat planche sur un plan qui diminue les dépenses et augmente les recettes fiscales par un taux d'imposition minimum de 30% sur les revenus des individus, ce à quoi s'objectent les représentants républicains. Plusieurs d'entre eux affirment même que les coupes automatiques sont un moindre mal que de nouvelles hausses d'impôt.

Le président Barack Obama plaide de son côté que ces coupes amputeraient la croissance d'un demi-point de pourcentage et supprimeraient un demi-million d'emplois.

Tandis que se poursuit ce bras de fer, plusieurs indicateurs suggèrent que l'économie américaine va enfin mieux. Hier encore, on a appris que le prix des maisons dans 20 grandes villes affichait la hausse annuelle la plus forte en six ans tandis que la confiance des ménages mesurée par l'indice du Conference Board était plus élevée que la prévision la plus optimiste.

C'est le coup de pouce dont le Canada a besoin. L'économie a décru en décembre, tous les leviers de la demande intérieure étant atones.

Malgré tout, les bénéfices d'exploitation des sociétés canadiennes étaient à la hausse au quatrième trimestre, particulièrement ceux des manufacturiers. Une fois exclue la transformation du pétrole et du charbon: la productivité augmente.

La rémunération hebdomadaire des travailleurs en usines (heures supplémentaires incluses) a enregistré en décembre une hausse annuelle de 4,8%, une des plus fortes de l'économie.

L'indicateur composite avancé de l'Institut Macdonald-Laurier a aussi enregistré le quatrième gain mensuel d'affilée en janvier.

Après le passage à vide de l'automne, l'économie canadienne paraît regagner doucement du tonus.

On verra ce matin si les entreprises ont la même perception avec la publication de leurs perspectives d'investissements.